és de l’entreprise de réparation navale Union Navale Marseille manifestent devant le tribunal de commerce de Marseille le 09 mars 2009 (Photo : Michel Gangne) |
[09/03/2009 14:19:24] MARSEILLE (AFP) Le tribunal de commerce rendra mardi son jugement concernant l’avenir de l’Union Naval Marseille (130 salariés), dernier chantier de réparation navale lourde sur la façade méditerranéenne française, le parquet se prononçant, selon des sources concordantes, en faveur d’une liquidation.
“Le procureur s’est associé à notre demande qui est la liquidation judiciaire immédiate”, a déclaré Me Geneviève Maillet, avocate de la direction de l’entreprise, filiale du groupe espagnol Boluda. L’UNM a eu 3,3 millions d’euros de pertes l’an dernier pour un chiffre d’affaires de 16 millions, selon son autre avocat Me Michel Dossetto.
“Il n’y a pas de commandes, il y a des dettes, la direction se fait conspuer, on ne peut pas diriger, on ne peut gérer quelque chose qui n’est plus gérable”, a ajouté Me Maillet, suscitant la colère de Patrick Castello, secrétaire du syndicat CGT de la réparation navale qui accuse la direction d’avoir “déserté l’entreprise”.
“Le procureur a sollicité la liquidation immédiate car selon lui les commandes n’existeraient pas”, a confirmé Me Fabrice Cirillo, avocat des salariés. “Nous avons demandé une mise en redressement judiciaire car nous avons des éléments qui permettent de penser que la situation n’est pas irrémédiablement compromise”.
“Il y a des commandes, beaucoup de créances non récupérées, notamment par le groupe lui-même”, a-t-il ajouté, citant un courrier de l’UNM au port du 10 décembre 2008 évoquant un planning de réservation pour 2009, 2010 et 2011 qui “incite à l’optimisme”.
“Le tribunal prendrait un très grand risque en prononçant la liquidation immédiate”, a-t-il prévenu, estimant que Boluda cherchait à reproduire ce qu’il pratique en Espagne, à savoir ne garder qu’un petit noyau de salariés pour recourir à des sous-traitants à moindre coût.
Alors que des salariés de l’UNM bloquent depuis samedi dans le port le ferry Girolata de la Compagnie méridionale de navigation (CMN) qui devait partir pour réparation dans le chantier de l’Union naval de Barcelone (Boluda), quelque 80 salariés de l’entreprise étaient venus manifester avec des fusées de détresse aux abords du tribunal sous bonne garde des forces de l’ordre.
Sur une grande banderole, on pouvait lire: “CGT, réparation navale indispensable pour le port, pour l’emploi”.
Une fermeture de ce chantier marquerait la fin de la filière de la réparation navale à Marseille, qui employait plus de 6.000 personnes voilà trente ans. Boluda avait repris en septembre 2006 la Compagnie Marseille Réparation.
Le conflit a débuté le 17 janvier, lorsque des salariés ont entamé une grève pour dénoncer le recours “abusif” de leur employeur à la sous-traitance, entraînant, selon eux, des dérives dans les conditions de travail et en matière de sécurité.
Sept personnes ont été licenciées pour avoir observé des arrêts de travail selon la CGT, pour “voies de fait”, selon l’avocat de la direction. Ces licenciements doivent être examinés par le conseil des prud’hommes jeudi.
Alors que les salaires de février n’ont pas été versés, la CGT accuse la direction de couler volontairement l’UNM. Ainsi “l’UNM n’a même pas envoyé un devis pour obtenir la réparation du Girolata à Marseille”, a expliqué lundi Patrick Castello.