[10/03/2009 13:04:57] MUNICH, Allemagne (AFP)
ésident d’EADS Louis Gallois le 10 mars 2009 à Munich (Photo : Lennart Preiss) |
Sorti du rouge l’an passé, le groupe européen de défense et d’aéronautique EADS s’est montré mardi prudent face à une année qui compte de nombreuses incertitudes.
“Je suis empreint d’un mélange de confiance et de prudence dans un environnement économique difficile”, a déclaré le patron du groupe, Louis Gallois, lors de la conférence de presse-bilan à Munich.
L’an passé, le groupe qui fabrique entre autres des avions, des hélicoptères, des équipements spatiaux et de défense a dégagé un bénéfice net de 1,572 milliard d’euros, après une perte de 446 millions en 2007.
Chez l’avionneur Airbus, sa filiale principale, “la visibilité reste satisfaisante pour la première partie de l’année, mais l’incertitude grandit ensuite”, reconnaît-il.
Le carnet de commandes — au niveau record de 3.715 avions fin 2008 — “est fragilisé par la détérioration du contexte macroéconomique et celle des indicateurs de trafic aérien”, estime-t-il.
Les clients d’EADS, les compagnies aériennes, subissent de plein fouet la crise: le transport de marchandises dans les soutes ralentit du fait de la contraction du commerce mondial et les passagers, surtout les hommes d’affaires, voyagent de moins en moins.
En outre, les transporteurs peinent à trouver les crédits nécessaires pour payer les avions commandés, du fait de la crise financière. Etant donné le prix d’un Airbus, entre environ 50 et 370 millions de dollars (entre 40 et 293 millions d’euros), la quasi-totalité des avions s’achète à crédit.
Le logo d’EADS (Photo : Clemens Bilan) |
Pour l’instant, Airbus n’a pas encore connu d’annulations massives — 12 en janvier. En revanche, “nous sommes plus sous pression en ce qui concerne des reports de commandes”, a reconnu M. Gallois.
Le groupe pense qu’il enregistrera entre 300 et 400 nouvelles commandes brutes en 2009, “ce qui reste un défi compte tenu des conditions actuelles du marché”. En 2008, il avait engrangé 777 commandes nettes (c’est-à-dire défalquées des annulations).
Au quatrième trimestre de cette année, EADS dit s’attendre à une “augmentation des stocks”, c’est-à-dire des avions invendus. Il avait d’ailleurs récemment pris la décision d’abaisser le niveau de production des monocouloirs –qui comprennent entre 100 et 200 places– à 34 appareils par mois à partir d’octobre, contre 36 auparavant.
A propos d’éventuelles conséquences sociales de la crise, M. Gallois a estimé avoir une “certaine capacité d’ajustement” grâce aux travailleurs temporaires et aux sous-traitants.
Le groupe a répété vouloir aider le financement de livraisons de ses clients, à hauteur de près de un milliard d’euros en 2009.
Cette année, les agences de garanties de crédit à l’exportation, telles la Coface en France et Hermes en Allemagne, devraient également soutenir 50% des livraisons, soit le double de l’an passé.
EADS table sur un résultat d’exploitation (EBIT) en baisse mais “significativement positif” pour 2009. En 2008, il atteignait 2,8 milliards d’euros, affecté toutefois par une charge de 704 millions d’euros passée pour les risques liés au programme de l’avion de transport de troupes A400M, en retard d’au moins trois ans.
Et l’A400M, dont la date du premier vol n’est toujours pas connue, pourrait encore “générer une charge significative” en 2009, estime-t-il. Il juge toutefois “très improbable” l’annulation du programme, qui fait actuellement l’objet d’une négociation avec les nations clientes, théoriquement autorisées à résilier leur contrat de 20 milliards d’euros au 1er avril.