FMI : croissance mondiale peut-être négative en 2009, cri d’alarme sur l’Afrique

[10/03/2009 13:03:23] DAR ES-SALAAM, Tanzanie (AFP)

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énéral du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn, à Dar es-Salaam, le 10 mars 2009 (Photo : Stephen Jaffe)

La croissance mondiale pourrait être négative en 2009 pour la première fois depuis 60 ans et la crise touchera l’Afrique de plein fouet, a déclaré mardi le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn.

“Le FMI prévoit une croissance mondiale en dessous de zéro cette année, la pire performance que la plupart d’entre nous ont jamais vue”, a dit M. Strauss-Kahn lors de l’ouverture à Dar es-Salaam, en Tanzanie, d’une conférence sur l’impact de la crise économique mondiale sur le continent africain.

La dégradation continue de l’environnement financier mondial “associée à un effondrement de la confiance des ménages et des milieux d’affaires mine la demande intérieure à travers le monde”, a-t-il expliqué.

Le directeur du FMI avait déjà jugé en février que la croissance mondiale en 2009 serait voisine de zéro. En janvier, le FMI avait révisé à la baisse ses prévisions de croissance pour 2009, avec une croissance mondiale de 0,5%.

“Les éléments dont nous disposons depuis donnent à penser que cette moyenne (0,5%) est déjà dépassée”, a précisé M. Strauss-Kahn lors d’une conférence de presse à l’issue de son intervention.

“Lorsque nous ferons notre prochain paquet de prévisions à la veille de la session de printemps, c’est-à-dire au mois d’avril, tout donne à penser en effet que ça fera apparaître une croissance mondiale qui pour la première depuis 60 ans sera une croissance mondiale négative”, a-t-il pronostiqué.

Concernant l’Afrique, la crise menace de précipiter à brève échéance des millions d’Africains dans la misère et d’attiser les conflits sur le continent, a-t-il averti.

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énéral du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn, le 9 mars 2009 à Dar es-Salaam en Tanzanie (Photo : Stephen Jaffe)

“Même si la crise a été lente à atteindre les rivages de l’Afrique, nous savons tous qu’elle arrive et que son impact sera sévère”, a rappelé le directeur du FMI, citant la chute des échanges commerciaux, la diminution des envois d’argent par la diaspora et l’amenuisement des investissements étrangers et de l’aide.

La croissance économique du continent devrait progresser d’environ 3% en 2009, loin des 5,4% de croissance enregistrés en 2008.

“Même cette donnée pourrait s’avérer trop optimiste si la crise empire”, a-t-il jugé.

M. Strauss-Kahn a insisté sur la nécessité d’une réponse urgente pour l’Afrique, où les variations des performances économiques sont une question de vie ou de mort.

“Et la menace n’est pas seulement économique; il y a un risque certain que des millions (d’Africains) replongent dans la pauvreté”, a-t-il dit.

“Il ne s’agit pas seulement de protéger la croissance économique ou le revenu des ménages, mais de contenir également la menace de violences civiles, peut-être même d’une guerre”, a-t-il expliqué.

Pour le patron du FMI, une partie de la réponse passe par le doublement des ressources de son institution.

Le FMI a en effet souligné plusieurs fois récemment que ses ressources disponibles, et donc sa capacité à prêter aux pays membres en difficulté, risquaient de s’épuiser si la crise économique perdurait.

Sur ce point, M. Strauss-Kahn s’est dit “confiant” que cette mesure serait adoptée d’ici le sommet du G20 en avril à Londres.

Lors d’un sommet à Berlin le 22 février, les pays européens du G20 s’étaient déjà “mis d’accord pour soutenir un doublement des ressources” du Fonds.