à Montbelliard (Photo : Sebastien Bozon) |
[10/03/2009 18:03:47] PARIS (AFP) Laminée par la crise économique internationale et le recul des exportations, la production industrielle française a poursuivi sa chute en janvier, chutant de 3,1% en un mois pour retomber au niveau de la fin des années 1990.
La production manufacturière (y compris les industries agricoles et alimentaires) a diminué de 4,1% en janvier par rapport à décembre, après une baisse de 2,1% en décembre, selon l’Insee.
Globalement la production industrielle de la France a reculé de 10,9% sur le trimestre novembre-janvier par rapport à la même période de l’année précédente, souligne l’Insee.
Jugeant ces chiffres “calamiteux”, l’économiste Marc Touati (Global Equities) relève que “le niveau de la production industrielle française atteint aujourd?hui un plus bas depuis mars 1997”.
“C?est quasiment 10 ans de perdus en un semestre”, renchérit Alexandre Mirlicourtois, du cabinet Xerfi.
Cette baisse est d’abord le résultat du ralentissement du commerce international.
“Nos exportations vers les Etats-Unis et l’Asie en particulier baissent. Le ralentissement du commerce mondial joue sur nos exportations et notre production”, explique-t-on dans l’entourage de la ministre de l’Economie Christine Lagarde.
Ainsi la France a enregistré un déficit commercial de 4,55 milliards d’euros en janvier, et un déficit record de près de 56 milliards sur l’ensemble de l’année 2008 (en données corrigées des variations saisonnières), ont annoncé mardi les Douanes.
Les exportations ont chuté de 6,7% en janvier et atteignent désormais leur plus bas niveau depuis mars 2005, relève l’économiste Marc Touati.
Deuxième cause de la chute de la production industrielle, la poursuite du déstockage des entreprises, qui a déjà fait reculer le PIB de 1,2% au quatrième trimestre.
Dans l’environnement extrêmement incertain dans lequel elles évoluent depuis la chute de la banque d’affaires Lehman Brothers mi-septembre, les entreprises préfèrent faire face à la consommation – qui se maintient – en vendant leurs stocks plutôt qu’en produisant.
“Une fois le déstockage terminé, le moindre zest de commandes supplémentaires se traduira par de l?activité en plus”, estime M. Milicourtois.
“D’où l’importance de plans de relance en France et chez nos partenaires européens, qui sont nos principaux partenaires commerciaux”, souligne-t-on dans l’entourage de Mme Lagarde.
Effet de la prime à la casse, la production automobile a augmenté de 1,8% en janvier. Le secteur avait dû recourir à des fermetures de chaînes de montage et des mesures de chômage partiel fin 2008.
“Une fois n?est pas coutume, les résultats de l?automobile sont en hausse sur un mois, mais le secteur reste proche du collapse (NDLR- effondrement). Le niveau d?activité en janvier représente la moitié de celui observé en moyenne en 2005”, estime M. Mirlicourtois.
La chute de la production industrielle, qui était attendue, touche quasiment tous les secteurs.
Alors que les carnets de commande sont vides et la demande extérieure atone, “il ne faut pas escompter une quelconque reprise de l?activité industrielle en général au cours des prochains mois”, juge M. Milicourtois.
“Cette nouvelle dégringolade industrielle confirme qu?après avoir déjà reculé de 1,2 % au quatrième trimestre 2008, le PIB risque de faire aussi mal au premier trimestre 2009”, prévient l’économiste Marc Touati.