Total restructure ses activités de raffinage et pétrochimie : 555 postes supprimés

[11/03/2009 05:49:38] PARIS (AFP)

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Raffinerie Total de Gonfreville l?Orche (Photo : Mychele Daniau)

Total a annoncé mardi une restructuration en France de ses activités de raffinage et pétrochimie, qui va entraîner 555 suppressions de postes d’ici 2013, une situation jugée “scandaleuse” par syndicats et gouvernement au regard des bénéfices record de l’entreprise.

Les deux projets de restructuration ont été présentés dans le cadre de deux comités centraux d’entreprises extraordinaire, convoqués mardi au siège du groupe pétrolier à La Défense (Hauts-de-Seine).

Le premier comité, dans la matinée, a été consacré au “plan de consolidation” de la pétrochimie avec un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), c’est-à-dire un plan social, prévoyant la suppression de 306 postes d’ici 2012, sans aucun licenciement sec, selon syndicats et direction.

Le deuxième dans l’après-midi était dédié au “projet d’adaptation du raffinage en France” induisant la suppression de 249 postes d’ici 2013, sans licenciement sec non plus, selon les syndicats. D’après la CGT, ces 249 postes correspondent à 309 emplois, car certains postes sont occupés par plusieurs salariés.

Particulièrement touchés, les salariés du site Total de Gonfreville l’Orcher, près du Havre, après l’annonce de la perte de 199 postes à la raffinerie et de 130 en pétrochimie se sont rassemblés devant leur usine et ont voté un arrêt de travail “symbolique” d’une heure.

“Lamentable”, “scandaleux”, manque de “civisme”, les quelque 300 manifestants n’avaient pas de mots assez durs pour dire leur colère.

Le secrétaire d’Etat à l’Emploi, Laurent Wauquiez, a également trouvé “scandaleux” ces suppressions de postes alors que Total dégage de forts bénéfices, jugeant que le groupe devrait avoir “un comportement exemplaire” en période de crise.

Total a dégagé en 2008 le plus gros profit jamais réalisé par un groupe français, en hausse de 14% sur un an à 13,9 milliards d’euros.

“Total, en plein procès AZF, après avoir annoncé” des milliards de bénéfices “supprime des emplois pour maintenir ses bénéfices à un niveau qui devient inacceptable au regard de la situation sociale du pays”, s’est indigné le syndicat CGT de Total Petrochemicals France (TPF).

La CFDT a dénoncé, elle, une “stratégie industrielle purement défensive”, estimant que Total devait “être un acteur de l’emploi durable” surtout dans des régions qui “ont largement contribué” à son “succès”.

Pour la pétrochimie, le plan qui vise à “porter les sites au meilleur niveau de compétitivité” n’est pas “lié à la crise”, a affirmé le PDG de TPF Philippe Goebel, mais “à des surcapacités en France”.

Il a assuré qu’il n’y aurait “aucun licenciement grâce à des efforts de reclassement interne importants” et un dispositif de “congé attente retraite”, qui “dispense d’activité” les salariés à trois ans de l’âge de la retraite.

Côté raffinage, Total “motive ce plan au regard de l’inadaptation structurelle du raffinage français et européen”, qui est “excédentaire en essence et déficitaire en diesel”, a expliqué la CGT.

“Le problème de fond est que Total a décidé d’investir massivement dans le raffinage à l’étranger, près des zones de production de brut”, a estimé Jacky Pailloux (Sud).

Lors de l’annonce de ses résultats le 12 février dernier, Total avait noté que “le débouché traditionnel” aux Etats-Unis pour les excédents européens d’essence était “en train de se fermer”, mais avait affirmé qu’il ne fermerait pas de raffinerie en 2009.