[10/03/2009 18:44:56] MARSEILLE (AFP)
és de l’entreprise de réparation navale Union Navale Marseille (UNM, filiale du groupe espagnol Boluda) lèvent le blocage du port de Marseille, le 10 mars 2009 (Photo : Gerard Julien) |
La mise en liquidation judiciaire du dernier chantier de réparation navale à Marseille, l’Union Naval Marseille (UNM, groupe espagnol Boluda) exacerbe les tensions sur le premier port de France où la CGT s’oppose toujours aux privatisations prévues dans la réforme portuaire.
Tôt mardi, avant l’officialisation du jugement du tribunal de commerce dont la CGT a fait appel, les CRS ont délogé les salariés de l’UNM qui retenaient depuis samedi un ferry, le Girolata, pour réclamer sa réparation à Marseille et non à Barcelone.
Les salariés, soutenus par les agents du port, ont alors bloqué les bassins Est réclamant une table ronde puis ont levé cette action à la mi-journée. La préfecture annonçait parallèlement une réunion lundi du Conseil de surveillance du port, propriétaire des formes de radoub utilisées par l’UNM. La CGT, majoritaire sur le port (et à l’UNM), y a deux représentants.
“On travaille à de nouvelles propositions”, a assuré Patrick Castello, secrétaire général de la CGT réparation navale locale, qui juge “inconcevable” un port de Marseille privé de cet atout.
Les 130 salariés de l’UNM, rescapés par Boluda fin 2006 après plusieurs dépôts de bilan, n’ont pas été payés en février et seront licenciés sous quinze jours. “Ils gardent l’outil” sur le site, selon Olivier Mateu, un responsable départemental CGT qui accuse la direction d’avoir abandonné l’entreprise. Plus de 500 emplois induits sont en danger selon la CGT.
Avec 7 M EUR de passif et un carnet de commandes “quasiment nul”, l’UNM ne peut faire face à son passif exigible avec son actif disponible, selon le jugement.
“C’est un gâchis énorme. C’est la CGT qui a poussé tout le monde contre le mur”, a déclaré la directrice générale de l’UNM, Ingrid Sanchez, qui sera aussi licenciée. Elle dit avoir été menacée de mort et avoir reçu des crachats.
“Entre 2007 et 2009, les jours de grève à l’UNM se comptent sur les doigts de la main”, assure pourtant Olivier Mateu alors que la CGT dénonce un “climat de haine à son encontre”.
Le président du patronat local Stephan Brousse a traité les syndicalistes de “voyous” après deux actions cagoulées la semaine dernière qui ont empêché l’accostage d’un navire de croisières et le départ d’un car-ferry en réparation à l’UNM. Une adjointe au maire UMP de Marseille Jean-Claude-Gaudin, Dominique Vlasto, a souhaité “se débarrasser de ce choléra”.
L’UNM se dit aussi victime des actions de la CGT pour s’opposer à la mise en place de la réforme portuaire de juillet 2008. L’homme fort de la CGT sur le port, Pascal Galéoté, était présent mardi à la conférence de presse sur l’UNM et a insisté sur la capacité de mobilisation de ses troupes.
Alors que le conseil de surveillance du port doit avaliser le 3 avril son nouveau projet stratégique dans le cadre de la réforme, la CGT se plaint de blocages dans les négociations et lance des grèves perlées sur les bassins Est.
De sources concordantes, la CGT a déjà obtenu deux dérogations aux privatisations prévues: les terminaux pétroliers seraient placés dans une filiale où le port serait majoritaire, les salariés de la manutention autour de la réparation navale resteraient agents du port.
Marseille-Fos compte 1.500 agents. Son trafic global a reculé à 96,01 millions de tonnes en 2008 contre un record de 100 millions en 2006.