Bonjour,
J’ai lu cet article et il y a beaucoup de choses qui sont vraies. Lorsque je
suis parti en France en 1975 pour poursuivre mes études d’ingénieur textile dans
une prestigieuse école francaise, ma famille et mes amis les plus proches s’iquiétaient
pour mon avenir, et tout le monde me disait attention c’est la crise,… J’ai
obtenu mon diplôme d’ingénieur et je me suis spécialisé à PARIS en gestion de
production des industries de l’habillement à l’ESIV.
Et depuis, je n’ai jamais été un jour en chômage et Dieu merci j’ai occupé les
postes les plus hauts en France et en Tunisie, et on ne cesse de me dire que
c’est la crise… C’est quoi ça? Comme disait M. BARCOUS, tant que l’être humain
vivra il aura besoin de s’habiller et de manger, il peut porter une chemise
pendant un an, deux ans mais la 3ème année il faut qu’il en achete une autre
chemise.
De par ma profession, j’ai connu très bien les pays du Moyen et Extrême-Orient,
si vous prenez le cas de la Turquie, de l’Egypte et de la Syrie, des pays qui
produisent le coton, ils ont investi beaucoup et plus que la Tunisie entre les
années 1980-1990 en filature, tissage, tricotage, teinture, serigraphie et en
broderie. Les grandes usines dans ces pays sont souvent complètement intégrées,
où ça rentre d’un côté des balles de coton et ça sort à la fin des tee-shirt
serigraphiés et bien emballés, chose que nous ne voyons pas en Tunisie, ou
plutot rarement mais pas sur le même site géographique.
La confection en Tunisie se défend très bien et présente souvent des produits
très corrects en maille et en jeans, et ceci malgré les difficultés énormes de
notre production : taux d’absentéisme élevé, absence de normes de productivité,
etc. <
D’après mon expérience, la Turquie est le pays le plus développe en matière
d’industrie textile et d’industrie de l’habillement, et les Européens sont
toujours attirés par le tissu moins cher et en produits finis.
Dans un article textile, le tissu représente 60 a 70% du prix, et si le tissu
est à bas prix en Turquie et d’une qualité acceptable, vous ne pouvez rien faire
même si vous réalisez 120% de producttivité; c’est la Turquie qui prendra le
marché.
Pour y remédier à tout cela et aider notre pays à faire face à cette nouvelle
mondialisation industrielle, en voici quelques conseils:
1- bien différencie les 2 industries (celle du textile et celle de
l’habillement), ce sont 2 industries qui se complètent mais qui sont différentes
en gestion de production et en gestion de qualité et surtout en gestion du
personnel;
2- former des cadres, moyens et supérieurs en textile et habillement, à créer
une grande école d’industrie de la gestion de la production de l’ habillement
(se faire aider par la France et par l’Allemagne, les 2 meilleures écoles
européennes en la matière);
3- investir en textile pour des nouveaux tricotage, tissage et teinture;
4- investir en confection et essayer de robotiser le maximum de postes de
production;
5- les banques tunisiennes doivent aider les entreprises, financièrement, à
développer les produits finis;
6- revoir, en collaboration avec l’UGTT, certaines lois sociales.C’est une
obligation, car sachez bien que l’Europe ne peut, en aucun cas, délaisser la
Tunisie. Pourquoi? Parce que la Tunisie est un pays proche (Monastir est à 2
heures de Lyon); les moyens de communication sont très dveloppès, la sécurité
est exemplaire en Tunisie, et je parle en connaissance de cause (le camion qui
quitte Monastir plombé et arrive après 24 heures à Marseille bien plombé, ce qui
n’est pas le cas dans d’autres pays; la rapidité et l’expérience de nos agents
douaniers sont exemplaires, je n’ai jamais vu cela dans aucun pays du monde; la
joie de vivre, le climat et la sécurité font que tous les techniciens et experts
de la confection rêvent de vivre chez nous.
Enfin, j’espère que j’ai apporté quelques précisions sur cette industrie encore
peu connue mais qui fait vivre un peu plus de 600.000 Tunisiens directement.
Nasreddine Ben AbdallahRéaction à l’article :
Moncef Barcous : l’avenir appartient à ceux qui voient loin et bien
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