Le logo du loueur de DVD Netflix (Photo : Robert Sullivan) |
[12/03/2009 10:52:50] PISCATAWAY, Etats-Unis (AFP) Alors que la crise bat son plein et que les consommateurs américains réduisent leurs dépenses, le loueur de DVD par correspondance Netflix a accueilli son dix millionième client en février, et affiche des résultats solides.
Les 1.200 employés des 58 centres de distribution n’en finissent pas de trier les DVD, scruter les défauts, ranger des pochettes qui seront scannées, enveloppées, postées par des machines spécialement configurées par les ingénieurs de la société: Netflix a gagné près de 400.000 abonnés depuis le début de l’année.
Signe de la solidité de l’entreprise, son cours de Bourse a grimpé de 29% depuis le début de l’année, alors que l’indice Nasdaq, où le titre est coté, a cédé 14%.
“Il est clair que nous ne sommes pas immunisés face à la crise, c’est une dépense de consommation que les gens peuvent envisager de supprimer”, a concédé son vice-président, Steve Swasey, devant un groupe de journalistes étrangers conviés à visiter les installation du groupe à Piscataway (New Jersey, est).
“Mais franchement, ils pensent que (l’utilisation des services de Netflix) est un bon substitut à l’achat de DVD, à la location chez un autre fournisseur ou à une sortie”, a-t-il ajouté immédiatement.
Pour Derek Brown, analyste chez Cantor Fitzgerald, les résultats publiés en janvier ont mis en lumière la résistance à la récession du modèle économique du groupe, avec des consommateurs “avides de divertissements, mais devant se serrer la ceinture”.
Netflix, qui dispose de la plus importante sélection de DVD pour un loueur (environ 100.000 titres), a profité des difficultés de son principal concurrent, la chaîne de magasins de vidéo Blockbuster, qui a dû démentir officiellement avoir l’intention de déposer son bilan.
La société de Los Gatos, dans la Silicon Valley, a profité de ses prix modérés -la formule la plus populaire permet de détenir 3 DVD en même temps pour 16,99 dollars par mois, pour une durée illimitée- et de ses efforts pour concurrencer les services par internet.
Le loueur a investi dans la vidéo en “streaming”, diffusion continue sur internet sans téléchargement, à partir de n’importe quel ordinateur, mais aussi directement sur la télévision grâce à différents appareils: la Xbox de Microsoft, les lecteurs Blu-Ray de Samsung et LG ou encore les boîtiers Tivo ou Roku.
“Netflix reçoit les bénéfices de la popularité grandissante de son service de vidéo en +streaming+, qui aide à réduire le taux de désabonnement et à enregistrer des abonnements supplémentaires”, observaient en janvier les analystes de Jefferies.
D’autres parient toutefois sur une saturation rapide du marché.
Avec une baisse du revenu moyen par utilisateur de 9% en taux annuel sur les trois dernières années, les analystes de la société Maxim Group s’inquiétent pour la croissance du chiffre d’affaires du groupe. Mais ils notent qu’il “y a à peu près 13 millions d’abonnés aux services de location par correspondance de Netflix et Blockbuster, contre environ 54 millions d’abonnés pour les chaînes premium (chaînes de télévision à péage)”.
Pour M. Swasey, le marché américain du cinéma à domicile est assez vaste pour faire vivre trois modèles économiques, entre location par abonnement, vidéo à la demande et diffusions sponsorisées par la publicité.
Selon lui, le DVD va dominer encore dans les cinq à dix prochaines années, mais il reconnaît la validité des autres modèles.
“La vidéo à la demande, adoptée par Apple et Amazon, marche bien pour eux, avec plus de nouveautés, car elles coûtent plus cher et Netflix a décidé de ne pas investir trop d’argent pour les nouveautés en +streaming+”, a-t-il indiqué.
Quant au modèle sponsorisé par la publicité, dont le site Hulu.com s’est fait le champion aux Etats-Unis, “il va sûrement retenir le plus de supporteurs, parce que c’est gratuit. Cela convient à certaines personnes”.