[12/03/2009 13:35:04] NEW YORK (AFP)
éricain Bernard Madoff à son arrivée au tribunal, le 12 mars 2009 à New York (Photo : Stephen Chernin) |
Le financier américain Bernard Madoff est arrivé jeudi au tribunal de New York où il devait, face à plusieurs de ses victimes qui ont parfois tout perdu dans la gigantesque fraude dont il est accusé, plaider coupable à l’occasion de sa traduction officielle en justice.
M. Madoff est arrivé au palais de justice vers 07H25 locales (11H25 GMT) dans une voiture grise aux vitres teintées, des dizaines d’objectifs d’appareils photo et de caméras braqués sur lui. L’audience devait débuter à 10H30 locales (14H30 GMT).
Signe du caractère exceptionnel de cette affaire qui a secoué le monde de la finance internationale: les principaux journaux télévisés américains ont ouvert leurs éditions matinales sur ce sujet, diffusant des images de la voiture de M. Madoff circulant dans les rues de la métropole.
Trois mois après son arrestation pour une escroquerie portant sur quelque 50 milliards de dollars, l’ancienne coqueluche de la finance a annoncé mardi qu’il allait plaider coupable de 11 chefs d’inculpation.
Le procureur Marc Litt, écartant toute clémence et possibilité de négociation, a indiqué qu’il allait requérir 150 ans de prison.
éricain Bernard Madoff à son arrivée au tribunal, le 12 mars 2009 à New York (Photo : Mario Tama) |
Le juge Denny Chin va devoir décider si Bernard Madoff, 70 ans, peut rester assigné à résidence dans son bel appartement de Manhattan ou bien s’il doit être incarcéré jusqu’à l’énoncé de la condamnation.
La procédure du plaider coupable permet d’éviter un procès devant un jury. C’est le juge qui émettra directement sa sentence mais cette dernière ne sera pas prononcée avant plusieurs mois.
Le juge a autorisé des victimes présumées du financier à témoigner à partir de jeudi, sous des conditions très strictes.
L’une d’elles, Bennett Goldworth, a expliqué jeudi sur CNN que la fraude avait mis sa vie “sens dessus dessous”. “J’étais retiré des affaires. J’avais déménagé en Floride. Je dois tout recommencer. Et je dois revenir à New York, pour aller habiter chez mes parents, à 52 ans”, s’est-il lamenté, expliquant avoir investi près de 4 millions de dollars chez Madoff.
Si M. Madoff ne devrait pas échapper à la prison, la bataille ne fait que commencer pour parvenir à déterminer qui sont les personnes effectivement flouées et estimer l’ampleur de leurs pertes.
Le tribunal a jusqu’ici enregistré 25 demandes d’intervention de victimes. L’accusation estime qu’en plus de vingt ans, 177 milliards de dollars ont transité par le fonds de Bernard Madoff, au détriment de nombreux investisseurs.
Son avocat Daniel Horowitz a catégoriquement rejeté cette estimation de 177 milliards, la jugeant “extrêmement exagérée”.
Les milliards investis par des banques, des célébrités, des organisations caritatives ou des universités servaient à “répondre aux demandes ponctuelles de retraits de certains autres investisseurs”, mais “les fonds étaient également utilisés pour l’acquisition de biens destinés à Madoff, aux membres de sa famille ou à ses associés”, selon des documents publiés mardi.
Il sera d’autant plus complexe de reconstituer la liste des victimes potentielles du financier que M. Madoff s’est aussi servi des milliards investis par ses clients pour en rémunérer généreusement certains, pendant des années, tout en spoliant les autres.
C’est la crise financière qui a précipité sa chute quand de nombreux investisseurs inquiets ont réclamé leurs mises, permettant de mettre au jour cette gigantesque fraude, qui a commencé selon les enquêteurs dans les années 1980.