à Tianjin, en Chine du Nord, le 28 septembre 2008 (Photo : Frederic J. Brown) |
[12/03/2009 18:00:53] PARIS (AFP) Les nuages s’amoncellent pour les deux grands fabricants d’avions de plus de 100 places, l’européen Airbus et l’américain Boeing, qui ont enregistré plus d’annulations que de commandes d’appareils sur les deux premiers mois de l’année.
Du 1er janvier au 28 février, Airbus affiche six commandes et 14 annulations, selon un communiqué diffusé jeudi. Du 1er janvier au 10 mars, son rival Boeing a engrangé 22 commandes pour 32 annulations, d’après un bilan paru sur son site internet.
Leurs clients, les compagnies aériennes, subissent de plein fouet la crise économique: le transport de marchandises ralentit du fait de la contraction du commerce mondial et les passagers, surtout les hommes d’affaires, voyagent de moins en moins ou en classe économique, devenant par conséquent moins lucratifs.
En outre, les transporteurs peinent à trouver les prêts nécessaires auprès des banques pour payer les avions commandés, du fait de la crise financière. Un Airbus ou un Boeing coûtant entre environ 50 et 325 millions de dollars, la quasi-totalité des avions s’achète à crédit. D’autant plus que les compagnies passent la plupart du temps commande pour plusieurs avions.
Les grands loueurs d’avions, tels les américains GECAS et ILFC, qui lors des difficultés du secteur aérien après les attentats du 11 septembre 2001 avaient pris à leur charge des commandes d’appareils de compagnies pour les leur relouer ensuite, n’ont pas réitéré cette pratique du fait de la faiblesse du système financier.
éroport de Tokyo le 30 janvier 2009 (Photo : Toru Yamanaka) |
Face à cette situation, les agences de garanties de crédit à l’exportation, la française Coface, l’allemande Hermes, la britannique ECGD, l’américaine Ex-Im Bank, devraient en partie venir au secours des deux avionneurs, en garantissant, davantage cette année que par le passé, les crédits accordés aux compagnies.
Ainsi, le directeur financier d’EADS, maison mère d’Airbus, Hans-Peter Ring, a indiqué mardi que les agences européennes devraient soutenir 50% des livraisons de l’avionneur, soit le double de l’an passé.
Boeing et Airbus ont également indiqué ces dernières semaines vouloir accroître le soutien financier qu’ils pourrait apporter à leurs clients.
Dans ce contexte morose, les prix des avions qui avaient augmenté l’an passé, devraient baisser.
Le président d’EADS, Louis Gallois, estimait cependant mardi être “plus sous pression” concernant des reports de commandes que des annulations. La compagnie de Dubaï Emirates, le plus gros client pour son très gros porteur A380, discute d’ailleurs avec Airbus d’un report de livraison, selon une source proche du dossier.
Et la franco-néerlandaise, Air France-KLM, a récemment demandé le report de la livraison de deux A380, “les sixième et septième” sur les douze commandés.
Les 32 annulations enregistrées depuis le début de l’année par l’américain Boeing portent toutes sur des commandes de son nouveau produit phare, le Dreamliner ou 787, long-courrier de moyenne capacité qui doit réaliser son premier vol d’essai au deuxième trimestre de 2009.
Les premiers exemplaires de cet appareil doivent être livrés au premier trimestre de 2010, avec près de deux ans de retard en raison de problèmes industriels et d’une grève des ouvriers mécaniciens de deux mois à l’automne dernier.
Sur les deux premiers mois de l’année, les deux constructeurs ont livré presque le même nombre d’avions: 76 pour Airbus et 71 pour Boeing. Du baume au coeur pour les avionneurs, car l’essentiel de l’appareil est payé à la livraison.