Paradis fiscaux et pays du secret bancaire commencent à céder aux pressions

[12/03/2009 19:55:15] PARIS (AFP)

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à Berlin le 12 mars 2009 (Photo : Axel Schmidt)

Avant même le sommet du 2 avril, le G20 marque des points face aux pays à secret bancaire comme Andorre, le Liechtenstein et la Belgique, qui craignent de figurer sur une éventuelle liste noire de paradis fiscaux.

“La lutte contre les paradis fiscaux fait partie des priorités affichées par les pays participant au G20 de Londres”, souligne Jézabel Couppey-Soubeyran, maître de conférence à Paris I Panthéon-Sorbonne.

Le président français Nicolas Sarkozy a ainsi affirmé jeudi que le 2 avril, il s’agirait d'”avoir ou non le courage de dire quels sont les paradis fiscaux et ce qu’on leur demande” en terme d'”obligation de transparence”.

Certains pays qui se savent sur la sellette “vont d’ici là essayer de faire preuve de bonne volonté pour échapper à une liste” potentielle de paradis fiscaux, ajoute Mme Couppey-Soubeyran.

La Belgique vient d’annoncer jeudi qu’elle allait supprimer son secret bancaire dès l’an prochain avec les pays de l’Union européenne, puis progressivement avec les autres pays.

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é à l’entrée du Liechtenstein, le 19 février 2008 (Photo : Fabrice Coffrini)

Andorre s’est engagé à faire de même d’ici au mois de novembre et le Liechtenstein va entamer des négociations avec l’Allemagne et le Royaume-Uni en vue d’accords bilatéraux d’échange d’informations.

La Suisse, l’une des plus grosses places financières de la planète et le hérault mondial du secret bancaire, doit annoncer vendredi des “mesures concrètes” à ce sujet, alors que, jusqu’à ces derniers jours, elle s’insurgeait contre les pressions du G20.

Elle a déjà dû céder aux pressions de Washington, qui a contraint la banque UBS à payer une lourde amende et à livrer l’identité de 300 clients américains, et l’enjoint à présent de révéler les noms de 52.000 autres clients.

Le Luxembourg et l’Autriche campent pour l’instant sur leurs positions, et ont reçu jeudi le soutien de la présidence tchèque de l’UE.

L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a reconnu mercredi qu’elle avait communiqué une liste préparatoire de paradis fiscaux au G20 en vue du 2 avril.

Cette liste contiendrait les noms d’une trentaine de pays et territoires dont de grandes places financières comme la Suisse, Hong Kong et Singapour et des pays membres de l’Union européenne comme l’Autriche et le Luxembourg, d’après des sources proches du dossier.

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énérale de Monaco le 10 septembre 2006 (Photo : Valery Hache)

Une précédente liste datant de 2005 ne comptait plus que trois noms (Monaco, Andorre et Liechtenstein).

C’est au G20 que reviendra in fine la tâche de décider ou non de publier une nouvelle “liste noire”. Un consensus en ce sens reste toutefois très incertain car avec Hong Kong mais aussi Macao, la Chine notamment, membre du G20, figurerait sur la liste provisoire.

Mais la seule menace de figurer sur une éventuelle “liste noire” semble d’ores et déjà faire effet. D’autant que les pressions montent non seulement du côté de Berlin et de Paris, déterminés à lutter contre l’évasion fiscale, mais aussi de Washington et de Londres.

Depuis plusieurs mois déjà, les Iles anglo-normandes, les Antilles néerlandaises, Aruba et les Bermudes ont fait des progrès dans l’échange de renseignements bancaires.

Jersey en particulier a multiplié les accords d’échanges d’informations et devait en conclure un jeudi avec Paris.

La France et l’Allemagne veulent qu’une liste noire soit assortie d’un “mécanisme de sanctions”. Il pourrait s’agir d’actions dissuasives, comme l’obligation pour les banques qui ont des activités dans les paradis fiscaux, de constituer des fonds propres supplémentaires.