[13/03/2009 20:48:51] BERNE (AFP)
à Senningen au Luxembourg (Photo : Jean-Christophe Verhaegen) |
La Suisse, l’Autriche et le Luxembourg ont emboîté vendredi le pas au Liechtenstein et à l’Andorre en annonçant des mesures visant à assouplir leur secret bancaire, cédant aux pressions du G20 qui fait de cette question l?une de ses priorités.
Les bastions du secret bancaire en Europe ont rendu l’un après l’autre les armes face aux menaces des Etats-Unis et des grands pays de l’Union européenne d’inscrire ces pays sur une “liste noire”.
La Suisse, première place mondiale pour la gestion de fortune, s’est finalement rangée derrière les normes de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) en matière d’entraide administrative.
Après avoir résisté aux attaques contre sa législation, la Confédération s’est engagée à renforcer l’échange d’informations avec d’autres pays, au “cas par cas” et sur “demande concrète et justifiée”, a précisé le gouvernement.
“Nous ne voulons pas toucher au secret bancaire”, a cependant averti le ministre des Finances, Hans-Rudolf Merz.
Pliant sous le poids de la pression internationale, l’Autriche a aussi accepté “de fournir des informations bancaires si des soupçons justifiés et argumentés lui sont présentés, y compris en l’absence de procédure pénale”, a déclaré le ministre autrichien des Finances, Josef Pröll.
A l’instar de la Suisse, l’Autriche ne modifie pas sa législation concernant le secret bancaire.
Autre place financière appliquant le secret bancaire, le Luxembourg est prêt à assouplir sa position en acceptant notamment d’échanger des informations avec d’autres pays en cas de soupçons de fraude fiscale, a annoncé vendredi son ministre du Trésor et du Budget, Luc Frieden.
Le mouvement s’est considérablement accéléré depuis jeudi, où le Liechtenstein et l’Andorre, inscrits avec Monaco sur la liste des paradis fiscaux non coopératifs de l’OCDE, ont annoncé des mesures similaires.
La principauté pyrénéenne a indiqué s’engager à lever le secret bancaire d’ici novembre pour faire sortir le pays de la liste des paradis fiscaux.
Le Liechtenstein, qui était au coeur d’un scandale financier avec l’Allemagne, a également annoncé son intention de revoir en profondeur son secret bancaire.
La Belgique va le supprimer dès l’an prochain avec les autres pays de l’Union européenne, puis le fera progressivement ensuite avec les autres pays.
A l’extérieur du continent européen, Singapour, Hong Kong ou encore les Iles Caïmans ont exprimé leur intention de participer à des échanges d’informations fiscales.
Ces gestes conciliants interviennent alors que se profile un sommet du G20 à Londres où la lutte contre les paradis fiscaux doit être renforcée par les grandes puissances mondiales.
Les pays du secret bancaire espèrent, en lâchant du lest, éviter d’être mis au ban de la communauté internationale.
L’OCDE a favorablement accueilli ces initiatives, son secrétaire général, Angel Gurria, affirmant que ces annonces “ont donné une impulsion bienvenue aux efforts entrepris pour promouvoir la transparence et l?échange de renseignements fiscaux”.
Les récentes mesures démontrent “que de réels progrès sont en train de s’accomplir”, a-t-il ajouté.
Le président français Nicolas Sarkozy s’est réjoui vendredi des décisions de la Suisse, du Luxembourg et l’Autriche, les attribuant à la “fermeté” et au “volontarisme” de la France et de l’Allemagne sur le sujet.
Cette démarche “va dans le très bon sens”, a jugé M. Sarkozy.