Pétrole : les baisses de production de l’Opep font remonter les prix

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étrolier près de Bassorah en Irak le 3 février 2009 (Photo : Essam al-Sudani)

[13/03/2009 10:25:17] PARIS (AFP) L’Agence internationale de l’Energie (AIE), qui a revu à nouveau à la baisse sa prévision de demande mondiale de pétrole 2009 (84,4 mbj), estime que les baisses de production de l’Opep commencent à porter leurs fruits et à faire remonter les prix.

“Les prix du pétrole ont réalisé des gains constants début mars alors que de plus en plus de signes démontrent que l’Opep met bien en oeuvre (à 80%) les baisses de production annoncées”, cite l’AIE dans son rapport mensuel pétrolier vendredi.

L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a décidé de réduire son offre de 4,2 millions de barils par jour (mbj) depuis septembre pour tenter d’enrayer la chute des prix, qui ont fondu de plus de 100 dollars depuis le pic de l’été, et pour réduire des stocks mondiaux qu’elle juge trop élevés.

Sur le seul mois de février, l’Opep a pompé 1,1 mbj de moins par rapport au mois précédent, à 28 mbj.

L’Arabie saoudite, leader du cartel, a même réduit encore sa production plus que prévu, pompant 7,95 mbj en février contre un objectif de 8,05 mbj, alors que l’Equateur et l’Angola se sont montrés beaucoup moins disciplinés.

Le cartel “a réussi à stabiliser les cours pétroliers autour de 40 à 45 dollars par baril depuis janvier”, a estimé David Fyfe, analyste en chef de l’AIE, interrogé par l’AFP.

Un succès “quand on voit les nouvelles économiques catastrophiques des mois passé, l’affaiblissement de la demande, et le niveau élevé des stocks”, a-t-il ajouté.

Les cours du brut étaient tombés jusqu’à 32 dollars le baril à New York fin décembre. A l’approche de la réunion de l’Opep ce week-end, les cours se rapprochaient un peu de la barre des 50 dollars grâce aux spéculations sur une éventuelle baisse supplémentaire de l’offre du cartel.

Si l’Opep met totalement en oeuvre les baisses déjà annoncées, “cela va commencer à tendre l’approvisionnement du marché à partir du second trimestre”, et donc à apporter un soutien supplémentaire aux prix, que l’Opep souhaite voir remonter vers 75 dollars le baril, remarque David Fyfe.

Une baisse de plus “risque donc d’aller trop loin” et “d’entraîner une envolée des prix du brut” à la fin de l’année, ce qui est “la dernière chose dont l’économie mondiale a besoin en ce moment”, avertit l’analyste.

Par ailleurs, l’AIE a revu à nouveau à la baisse sa prévision de demande mondiale de pétrole 2009 à 84,4 mbj vendredi contre 84,7 mbj à cause des effets de la crise en Asie, en Russie et aux Etats-Unis, dans son rapport mensuel publié vendredi. Cela représente une baisse de 1,5% sur un an de la demande.

Au total, la baisse de la consommation attendue en 2009 “est la plus importante sur un an depuis les années 70”, a souligné M. Fyfe.

L’AIE estime que l’offre mondiale de pétrole a également reculé en février à 83,9 mbj, en baisse d’1 mbj sur le seul mois de février, et de 3,4 mbj sur un an, principalement à cause de l’Opep.

L’agence n’attend plus non plus aucune augmentation de l’offre cette année du côté des pays hors Opep.

L’AIE représente les intérêts énergétiques des 30 membres de l’OCDE, essentiellement des pays industrialisés.