[13/03/2009 22:25:24] NEW YORK (AFP)
à son arrivée au tribunal de New York le 12 mars 2009 (Photo : Timothy A. Clary) |
Bernard Madoff s’est réveillé vendredi dans une cellule, au lieu de son luxueux appartement de Manhattan, et ses victimes attendent à présent que les enquêteurs dénichent des complices et un peu de leur argent, d’ici la sentence en juin.
Le financier américain de 70 ans, qui a reconnu jeudi au tribunal avoir orchestré une fraude massive, et plaidé coupable de 11 chefs d’inculpation, est désormais matricule 61727-054 au Centre correctionnel métropolitain, qui jouxte le tribunal fédéral.
Ses avocats ont fait appel de la décision d’incarcération, a-t-on appris vendredi auprès de la Cour d’appel. La date de l’appel devait être communiquée plus tard dans la journée.
étropolitain, identique à celle où Bernard Maddoff a été incarcéré |
Plusieurs tabloïds publient en Une la photo d’une cellule, semblable à celle de l’homme d’affaires déchu: 5,5 m2, équipée de deux lits étroits superposés, d’une petite table, d’un tabouret et d’une fenêtre à barreaux. Les toilettes sont dans la cellule.
L’emploi du temps est strict: réveil à 06H00, déjeuner à 11H00 et dîner à 17H00, le détenu a droit à une récréation par jour, durant laquelle il peut jouer au ping-pong, regarder la télévision ou lire, selon l’administration pénitentiaire citée par le quotidien Métro. Une promenade sur une terrasse grillagée a lieu un jour sur deux.
Depuis son arrestation le 11 décembre, le financier qui a grugé institutions caritatives, personnalités fortunées, universités et banques à travers le monde, était resté dans son appartement de l’Upper East Side (nord est de Manhattan), dont la valeur estimée à 7 millions de dollars servait de caution à son maintien en liberté surveillée, avec d’autres biens.
à Madoff le 12 mars 2009 à New York (Photo : Christine Cornell) |
Son épouse Ruth et lui-même avaient remis leurs passeports aux autorités et M. Madoff portait un bracelet électronique de surveillance. Il était assigné à résidence 24 heures sur 24 et l’appartement gardé jour et nuit.
Son avocat Ira Lee Sorkin a tenté en vain de convaincre que son client ne pouvait ni fuir ni nuire. Le juge Denny Chin a ordonné l’incarcération immédiate. Il devrait rendre sa sentence le 16 juin.
Certaines victimes ont déploré l’absence de procès, le fait de plaider coupable aux Etats-Unis évitant à un accusé de comparaître devant un grand jury. “Vous aviez une occasion de trouver notre argent”, a lancé jeudi à la barre Ronnie Sue Ambrosino, qui préside un groupe d’environ 300 victimes de Madoff.
“Nous voulons un procès, nous voulons entendre les victimes, mais nous voulons aussi savoir où est notre argent!”, s’est-elle exclamée.
Non seulement l’absence de procès va empêcher d’entendre des témoignages précieux, mais Bernard Madoff semble avoir refusé de collaborer avec les enquêteurs, selon certains pour préserver son épouse et ses fils Andrew et Mark. Il est jusqu’ici le seul accusé dans l’affaire.
Le procureur Marc Litt avait signalé dès mardi qu’il n’y aurait aucune clémence, aucune négociation et qu’il allait requérir le maximum, soit 150 ans de prison. Devant le tribunal, il a confirmé cette ligne dure, alors que des commentateurs avaient suggéré ces derniers mois que le financier pourrait collaborer à l’enquête en échange d’une peine moins lourde.
“Il n’a aucun remords, c’est un salaud et il y a certainement d’autres personnes impliquées, ne serait-ce que la SEC –le gendarme boursier américain– qui aurait dû être jugée en même temps que lui, mais aussi sa femme et ses fils”, s’est exclamée Judith Welling, une retraitée new-yorkaise.