Crise et licenciements : les grands groupes au banc des accusés en France

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ès sa libération à Pontonx-sur-l’Adour, le 13 mars 2009 (Photo : Jean-Pierre Muller)

[14/03/2009 07:10:09] PARIS (AFP) Le PDG de Sony France retenu par ses salariés, le directeur d’une usine Continental couvert d’oeufs, Total vilipendé, les suppressions d’emplois en série par de grandes entreprises suscitent en France des réactions de colère de plus en plus violentes.

Venu rencontrer les 311 salariés de l’usine de Pontonx-sur-l’Adour (sud-ouest), le PDG de Sony France, Serge Foucher, a été retenu pendant toute la nuit dans une salle de réunion.

Le patron du groupe japonais n’a été libéré que vendredi en milieu de matinée par des employés en colère qui dénoncent la faiblesse des indemnités de licenciements qu’on leur propose. Le site, qui fabrique des cassettes vidéo, doit être fermé en avril.

Les salariés de l’usine de pneumatiques du groupe allemand Continental à Clairoix, en région parisienne, crient eux à la “trahison” de la direction qui a annoncé mercredi la fermeture du site de 1.120 salariés, alors qu’elle avait signé un accord avec deux syndicats censé pérenniser l’emploi jusqu’en 2012.

Le directeur Louis Forzy, venu s’expliquer devant les salariés jeudi, est reparti au pas de course après avoir été copieusement sifflé et avoir reçu des oeufs.

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à Clairoix (Photo : Francois Nascimbeni)

Des élus locaux ont crié au “cataclysme” dans une région déjà affectée par les restructurations et le parti socialiste (opposition) a dénoncé une “catastrophe économique et sociale”.

Nicolas Sarkozy est lui-même monté au créneau jeudi, interpellant la chancelière allemande Angela Merkel à l’occasion du onzième conseil des ministres franco-allemand à Berlin.

“J’ai dit à la chancelière combien nous serons vigilants, un, au respect des procédures, deux, au respect de la parole donnée”, a affirmé M. Sarkozy.

S’engageant à voir avec l’entreprise si les promesses été tenues, Mme Merkel a toutefois tenu à souligner “qu’il n’y a pas seulement une usine dans un pays qui ferme, mais que l’Allemagne est aussi touchée”, faisant référence au site de Hanovre (nord) qui doit également fermer.

Vendredi, le gouvernement français est revenu à la charge, après avoir mis en garde Continental contre de possibles procédures judiciaires. La ministre de l’Economie Lagarde Christine Lagarde s’est déclarée “choquée” de la tournure des évènements. Elle a affirmé que le gouvernement, “en dialogue depuis plusieurs jours déjà avec Continental” avait “alerté” le groupe sur la gravité de la situation et sur “la nécessité de prendre des mesures d’accompagnement”.

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Des membres du personnel du site Total de Notre-Dame-de-Gravenchon, le 11 mars 2009 (Photo : Robert Francois)

Le fabricant allemand de pneus, frappé par la crise, est aussi empêtré dans son rachat par son compatriote Schaeffler: le groupe familial croule sous les dettes, désormais incapable de financer seul une acquisition de plusieurs milliards d’euros.

La polémique déclenchée par Continental a pris le relais de celle soulevée par le géant pétrolier français Total qui a annoncé 555 suppressions d’emplois en France, après des bénéfices records de près de 14 milliards d’euros en 2008.

Les partis politiques ont jugé cette annonce “scandaleuse”, le gouvernement demandant “un geste” du groupe pour l’emploi.

Une nouvelle journée nationale de grève est prévue le 19 mars par les syndicats qui demandent des mesures en faveur du pouvoir d’achat, après celle qui avait réuni entre 1 et 2,5 millions de manifestants.

La France devrait connaître entre 375.000 et 454.000 chômeurs supplémentaires en 2009, selon des chiffres de l’assurance chômage fournis par des sources syndicales.