La grande distribution s’éloigne d’un marché du disque en plein déclin

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[14/03/2009 09:32:58] PARIS (AFP) Fermetures de magasins, rayons réduits: la grande distribution se retire progressivement d’un marché du disque en plein déclin, plombé par le téléchargement illégal sur internet.

La Fnac, filiale du groupe de luxe et de distribution Printemps Pinault Redoute, a annoncé la semaine dernière la fermeture de son magasin parisien emblématique de la place de la Bastille, consacré à la musique.

“Dans les grandes surfaces alimentaires, la part du disque se réduit énormément, mis à part Leclerc qui est dans une dynamique assez positive”, explique Hervé Rony, directeur général du Snep, le syndicat national de l’édition phonographique.

En dix ans, la part de marché de ces grands magasins a reculé de près de 10% et représente aujourd’hui 50% des ventes, selon les chiffres du Snep. Carrefour reste le leader des distributeurs généralistes avec 13% de disques vendus en France en 2007, devant Auchan, Leclerc et Cora.

“Quant aux spécialistes, comme la Fnac ou Virgin, nous sommes inquiets car nous n’avons pas d’engagement de leur part sur le maintien des rayons”, observe M. Rony.

“Non seulement on nous demande de diminuer notre espace CD, mais en plus nous fermons nos magasins spécialisés. Notre marque perd de son âme”, déplore un vendeur de la Fnac sous couvert d’anonymat.

“Il est vrai que nous avons réduit la taille de nos rayons consacrés aux disques, mais nous avons proposé autant de références en 2008 qu’en 2007 en optimisant la mise en place”, assure une porte-parole de l’enseigne.

“Les grandes surfaces généralistes délaissent le marché, les disquaires indépendants ferment. Nous restons premier disquaire de France (23% de part de marché en 2007, ndlr) et nous serons certainement le dernier” présent sur ce marché, ajoute-t-elle.

Yves Riesel, PDG du distributeur indépendant de disques Abeille Musique, nuance cet avis: “Le plus grand disquaire de France, désormais, c’est Amazon, dont les prix sont très bas, et qui favorise des imports” auprès d’acteurs étrangers qui ne sont donc pas soumis aux taxes.

Le désengagement de la distribution généraliste et spécialisée s’explique par le déclin du marché physique du disque (CD et DVD musicaux) qui a perdu 60% de sa valeur entre 2002 et 2008, plombé par le téléchargement illégal sur internet, selon les producteurs.

En rayons, le disque est souvent remplacé par des jeux vidéos ou des produits électroniques beaucoup plus rentables.

“Un baladeur MP3 prend très peu de place dans un rayon et la marge du vendeur est de 20%, soit 60 euros pour un appareil à 300 euros. Avec un disque vendu 10 euros il n’en gagne que trois, le choix est vite fait”, résume Pierre Kosciusko-Morizet, président de l’Acsel (association pour le commerce et les services en ligne).

Déçue par une offre de disques moins riche, une partie de la clientèle se détourne des magasins, ce qui incite les enseignes à encore réduire leurs références. “C’est le cercle vicieux de la crise”, déplore M. Rony.

Face à cette crise de la distribution, certains producteurs ont décidé de vendre eux-mêmes leurs disques, à l’image de Bernard Coutaz, fondateur d’Harmonia Mundi, premier label classique indépendant en France. Il a lancé ses propres boutiques, qui proposent exclusivement les références du groupe.