L’élection de Hamdi Meddeb à la tête de l’Espérance Sportive de Tunis
(E.S.T.), en août 2007, a surpris un tant soit peu, car elle venait en totale
opposition de l’image que les observateurs ont fini par se faire de cet homme
d’affaires : un homme très discret, pour ne pas dire secret, fuyant les feux de
la rampe comme la peste; bref un adepte du célèbre diction : «pour vivre
heureux, vivons cachés». A telle enseigne que très peu d’informations filtraient
sur l’activité du groupe que cet homme d’affaires, entré dans le monde du
business en 1978, avait bâti en plus de vingt-cinq ans d’activité. A-t-il depuis
changé au point de prendre goût au jeu de la médiatisation ? On peut se poser la
question.
Certes, même s’il semble rechigner toujours à monter lui-même au créneau pour
parler de ses activités professionnelles, M. Hamdi Meddeb ne refuse plus
systématiquement que l’on parle de ses affaires, et laisse ses collaborateurs le
faire à sa place. Et cela fait sensation.
L’exposé de M. Boubaker Mehri, DG de Délice-Danone, sur le groupe Délice a
été –avec celui effectué par M. Tahar Bayahi, p-dg de «Magasin Général»- le
principal moment fort de la conférence internationale organisée par l’Institut
des Hautes Etudes de Tunis, l’Association des Sciences de la Gestion, et
l’ambassade de France à Tunis –avec le soutien de l’Institut Français des
Administrateurs (IFA), le Cabinet Ghazouani Avocats et «Magasin Général».
Retraçant le parcours de son patron, M. Mehri rappelle que le patron du
groupe Délice a démarré son premier projet en 1978 avec un investissement de
400.000 dinars tunisiens, financé par le FOPRODI (Fonds de Promotion et de
Décentralisation Industrielle). L’affaire démarre bien et dix ans plus tard, la
Centrale Laitière du Cap-Bon (CLC) réalise déjà un chiffre d’affaires de 4
millions de dinars, avec «un total actifs en forte progression», souligne le DG
de Délice-Danone. Cinq ans plus tard, la société est déjà leader du marché avec
30% de part de marché et 250 employés.
Clairvoyant, le patron du groupe Délice comprend qu’il lui faut franchir un
pallier en s’alliant à un champion du secteur. Commencent alors des négociations
avec Yoplait portant sur une éventuelle franchise de la marque en Tunisie. Les
tractations durent trois ans mais n’aboutissent pas.
En 1997, Délice conclut un partenariat avec… Danone à qui il cède 50% de son
capital pour 16 millions de dinars. Une dizaine d’années plus tard, les
résultats de cette manœuvre stratégique sont là, qui se passent de tout
commentaire : le chiffre d’affaires de CLC est passé, depuis l’entrée du leader
mondial du marché des produits laitiers frais, de 15 à 700 millions de dinars
(en 2008).
Convaincue des vertus du partenariat, le groupe Délice (aujourd’hui fort de
neuf sociétés, six de production, une de distribution, plus une société agricole
et une autre immobilière) –devenu entre-temps «leader incontesté du marché
laitier», notamment grâce au rachat en 2005 de l’un de ses concurrents, «Laino»-
récidive en 2007 en nouant une alliance avec le français Bongrain pour prendre
pied dans le créneau du fromage.