Crise : la grogne des patrons italiens monte contre Berlusconi

photo_1237213990758-1-1.jpg
écembre 2008 à Rome (Photo : Andreas Solaro)

[16/03/2009 14:35:39] MILAN (AFP) La grogne des patrons monte en Italie contre le chef du gouvernement Silvio Berlusconi, les entrepreneurs jugeant sa riposte à la crise insuffisante et s’agaçant de l’optimisme du Cavaliere qu’ils doivent rencontrer mardi.

“Le moment est venu d’une réponse de votre part, Monsieur le Président (du Conseil). Maintenant, il faut de l’argent, du vrai” et qui arrive “vite”, a lancé ce week-end la “patronne des patrons” italiens, Emma Marcegaglia.

La crise “est une vraie urgence, pas une plaisanterie des médias. C’est le moment d’utiliser un langage de vérité: nous risquons de perdre les vrais champions du +Made in Italy+. Se taire signifierait trahir le pays”, a ajouté Mme Marcegaglia, qui avait soutenu M. Berlusconi lors de la dernière élection en avril 2008.

Ce coup de semonce fait suite aux récentes déclarations de M. Berlusconi, qui affichant son optimisme, avait estimé que les médias exagéraient en qualifiant la crise de “tragique” et s’était félicité une nouvelle fois de sa politique, assurant que “personne n’a fait plus que nous face à la crise”.

Conscient du mécontentement du patronat, le Cavaliere a annoncé qu’il recevrait Mme Marcegaglia mardi et s’est défendu, en assurant que le gouvernement avait “donné de l’argent, du vrai, pour soutenir des secteurs industriels entiers”.

“Nous avons été prudents mais nous avons fait des choix afin que personne ne soit laissé seul face à la perte de son emploi”, a-t-il déclaré.

Depuis le début de la crise, le gouvernement a adopté plusieurs trains de mesures, comprenant un chèque aux familles modestes, des détaxations pour les entreprises, un plan de grands travaux de 18 milliards d’euros et l’augmentation des ressources pour financer les indemnités chômage.

Il compte en outre sur l’injection de fonds publics dans les banques pour rouvrir le robinet du crédit ainsi que sur l’adoption prochaine de mesures pour inciter à la rénovation de l’habitat.

Mais le patronat, même s’il a accueilli positivement ces mesures, avait jugé qu’elles étaient insuffisantes et que leurs retombées seraient trop tardives, tout comme les syndicats et l’opposition de gauche. Tous avaient aussi souligné que l’utilisation de la grande partie de ces fonds était prévue avant la crise.

Les patrons réclament de nouvelles mesures ciblées sur les PME, coeur de l’économie italienne, avec la création d’un fonds de garantie, des détaxations supplémentaires et le lancement de chantiers plus petits aux effets plus immédiats sur l’activité.

“Il faut intervenir immédiatement, demain matin, car une situation comme celle-là ne s’est jamais vue. Cette fois, des entreprises excellentes qui représentent le meilleur des PME risquent de fermer”, s’est inquiété lundi le patron du chausseur Tod’s, Diego Della Valle.

“La crise actuelle est bien plus terrible que celle née de la globalisation des marchés (…) Aujourd’hui, nous ne savons pas comment réagir face à une crise qui nous dépasse”, constatait dans un entretien récent avec l’AFP le président du patronat de Prato (Toscane), coeur du textile italien, Riccardo Marini.

L’Italie, qui est entrée en récession au troisième trimestre, a vu son PIB reculer d’1% l’année dernière, du jamais vu depuis plus de trente ans.

La crise touche en premier lieu l’industrie et a entraîné une explosion du recours au chômage partiel et des licenciements: quelque 370.500 personnes ont perdu leur emploi en janvier et février, soit un bond de 46,1% sur un an.