Algérie et Tunisie : La BEI soutient trois grands projets privés

Une nouvelle tendance se dessine dans l’activité de la Banque
européenne d’investissement (BEI) au Maghreb. Son organe spécialisé dans les
opérations dans le Bassin méditerranéen, la FEMIP, vient de signer trois
opérations relatives à de grands projets privés de portée internationale en
Algérie et en Tunisie.

Alors que l’objectif de la FEMIP a toujours été de promouvoir le secteur
privé en tant que moteur de la croissance durable, c’est la première fois que la
BEI accorde des prêts dans des secteurs clés de l’économie en faveur de projets
de grande envergure qui mettent en œuvre des technologies de pointe, font appel
à des montages financiers très élaborés et satisfont aux normes internationales
les plus sévères sur le plan de l’atténuation des incidences négatives sur
l’environnement.

La BEI a signé une lettre d’intention pour l’octroi d’un prêt de 500 millions
d’EUR au maximum à MEDGAZ, le premier gazoduc qui reliera directement l’Algérie
à l’Europe.

Transportant du gaz naturel directement entre Beni Saf en Algérie et
l’Espagne sous la mer Méditerranée, le nouveau gazoduc MEDGAZ aura des retombées
financières importantes pour l’Algérie et concourra à stabiliser et à
diversifier l’approvisionnement énergétique de l’Union européenne.

Confirmant l’engagement de la BEI de soutenir ce projet clé, M. Philippe de
Fontaine Vive, vice-président de la BEI, a signé ce jour à Barcelone une lettre
d’intention avec M. Pedro Miro, président de MEDGAZ SA, un consortium constitué
d’entreprises algériennes et européennes. Ce document a été signé en Espagne à
l’occasion d’une conférence organisée à Barcelone par la BEI sur le thème :
«Connecter l’Europe en finançant la mobilité et des villes durables».

70 millions d’EUR pour construire à Enfidha, en Tunisie, un nouvel aéroport
qui sera exploité par un opérateur aéroportuaire privé turc, TAV Havalimanları
Holding AS, dans le cadre d’une concession accordée par l’État tunisien.

Le 27 février, la FEMIP a accordé un prêt de 70 millions d’EUR au premier
opérateur aéroportuaire turc, TAV Havalimanları Holding AS, pour la construction
d’un nouvel aéroport à Enfidha, à quelque 110 km au sud de Tunis. Dans un
premier temps, le nouvel aéroport pourra accueillir 5 millions de voyageurs par
an, ce seuil étant considéré comme stratégique pour l’essor du tourisme en
Tunisie, activité qui constitue une priorité pour les autorités du pays.

Il s’agit du premier aéroport international exploité par un opérateur privé
dans la région du Maghreb et du premier partenariat public-privé de grande
envergure en Tunisie.

130 millions d’EUR en faveur de Tunisian Indian Fertilizers pour la
construction d’une usine d’acide phosphorique à Skhira en Tunisie

La société Tunisian Indian Fertilizers est la première coentreprise privée
constituée en Tunisie par des entreprises tunisiennes et des partenaires
étrangers. Mise en place pour une période de trente ans, la structure réunit en
l’occurrence deux entreprises détenues par l’État tunisien et deux partenaires
indiens qui extrairont des roches de phosphate et les transformeront pour en
faire des engrais qui seront ensuite vendus sur le marché indien.

La construction d’une nouvelle usine d’acide phosphorique pour la
transformation des roches de phosphate en Tunisie (plutôt qu’à l’étranger)
permettra de créer davantage de valeur localement et renforcera la compétitivité
internationale de l’industrie tunisienne. Le projet devrait générer
d’importantes recettes d’exportation, des recettes fiscales substantielles et un
nombre élevé d’emplois. Il intègre les meilleures pratiques internationales pour
ce qui est de l’atténuation des incidences négatives sur l’environnement.

La structure financière du projet est par ailleurs très élaborée. C’est la
toute première fois qu’un prêt de la BEI complétera une opération de crédit-bail
conclue par une institution financière islamique, à savoir la Banque islamique
de développement.