L’un des principaux défis de nos gouvernants est de stimuler l’investissement
privé, d’améliorer la performance du secteur public, de coller aux aspirations
d’une jeunesse diplômée, en pleine croissance et de favoriser, dans le pays, une
tradition de divulgation, de confrontations d’opinions afin d’impliquer de
larges pans de la société et de ses forces vives dans l’édification de notre
destin national.
D’après les récents rapports de la Banque mondiale, il est urgent pour la
Tunisie de hisser, durant la prochaine décennie, les structures de gouvernance à
des niveaux qualitatifs capables d’atténuer les coûts bureaucratiques,
dommageables à l’attractivité des IDE, d’endosser la culture de la
certification, condition sine qua non à la pénétration des marchés
internationaux, de mieux gérer les ressources publiques et de faire de la vision
volontariste du XIème Plan un challenge à même d’assurer, dans le contexte d’un
repositionnement du capital international suite aux derniers bouleversements
financiers de la galaxie marchande, la cohésion des classes moyennes, de
développer l’économie de la connaissance et d’associer toutes les composantes
nationales du pays à la formulation de programmes renforçant les valeurs
universelles de la bonne gouvernance.
Ambitions et réalisations
Après avoir enregistré, durant la période 2002-2006, un taux de croissance moyen
de 4,6%, un revenu par tête d’habitant estimé à 4.000 DT et une augmentation à
hauteur de 72,6% des parts du secteur privé dans la formation du PIB, le XIème
Plan (2007-2011) table, avec le renfort de la BAD, de la Banque mondiale et de
la Communauté européenne dont le Programme d’Appui à la Compétitivité (PAC),
prolongement de la Facilité d’Ajustement Structurel(FAS,IV), est doté de 41
millions d’euros, sur la diminution du chômage des diplômés d’environ 15,6% à la
fin du quinquennat, la création de 412.000 emplois nouveaux et la dynamisation
de l’investissement privé, relativement faible, lors de la dernière décennie
(13,6% du PIB).
Les pouvoirs publics comptent également poser les fondements d’une gestion
budgétaire par objectif, prioriser la stabilité macroéconomique, généraliser
l’administration électronique et faciliter, grâce à un cadre législatif et
institutionnel, la mise en place des partenariats publics-privés. C’est ainsi
que plus de trente expériences pilotes ont été menées, depuis le lancement du
XIème Plan, dans les services publics et parapublics (SNT, Pharmacie Centrale,
Tunis Air…) afin d’intégrer les standards internationaux, conformément au
Programme National de la Qualité.
D’après les analystes de la Banque mondiale, la Tunisie a accéléré son rythme de
réformes du climat des affaires, a pris la tête des pays de la région MENA,
réduisant les délais de création des entreprises, source de richesses
indéniables et a encouragé l’utilisation des TIC dans les transactions
commerciales, les procédures administratives et les interactions sociales, ce
qui a favorisé une bonne visibilité à une stratégie de numérisation, mise en
œuvre depuis une décennie.
Tout va pour le mieux alors ?!
Finalement, en dépit de certaines avancées dans le traitement et la conception
des dispositifs qualitatifs, le dernier rapport du «Doing Business» a classé la
Tunisie parmi les pays dont la politique protectionniste, douanière et fiscale,
limite le champ de manœuvre des investisseurs locaux ou internationaux, en quête
généralement d’espaces où la concurrence, le droit et le cadre administratif
sont au diapason du contrat social. «Lorsque la réglementation des affaires est
particulièrement lourde, le secteur informel prend de l’ampleur», se plaisent à
répéter les stratégistes de la Banque mondiale qui attirent l’attention des
pouvoirs publics de notre pays sur l’urgence d’intégrer les activités
commerciales périphériques dans le circuit légal à travers la formation, la
sensibilisation, l’accès au crédit et la protection dans le cadre de la
législation du travail.
Face aux enjeux complexes de l’amélioration de la gouvernance, la Tunisie,
conclut le rapport régional, gagnerait à poursuivre ses efforts de
modernisation, de restructuration et de mise à niveau de son tissu industriel et
de ses ressources humaines tout en accordant à des indicateurs tels que le degré
selon lequel les citoyens accèdent à l’information, mènent des débats publics et
s’organisent dans la société civile, toute son importance.