Sarkozy tranche le débat dans sa majorité sur le “bouclier fiscal”

[17/03/2009 19:03:36] ORNANS (Doubs), 17 mars 2009 (AFP)

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à l’usine Alstom d’Ornans (Doubs) (Photo : Philippe Wojazer)

Nicolas Sarkozy a tranché mardi le débat qui agite sa majorité sur l’opportunité de suspendre son très controversé “bouclier fiscal” ou d’imposer d’avantage les plus hauts revenus, en disant qu’il n’avait “pas été élu pour augmenter les impôts”.

Profitant d’un déplacement dans le Doubs, le chef de l’Etat a renvoyé dans les cordes les élus et les personnalités de son camp qui recommandent depuis quelques jours à haute voix des mesures exceptionnelles visant les plus fortunés au nom de la “justice sociale” en temps de crise.

“Je n’ai pas été élu pour augmenter les impôts, moi (…) moi, j’ai été élu pour réconcilier la France avec l’entreprise et avec l’usine”, a-t-il lancé en visitant l’usine Alstom d’Ornans.

“S’il y en a que ça démange d’augmenter les impôts, ils oublient qu’on est dans une compétition. Mon but, c’est de faire venir en France, faire investir en France des gens qui ont de l’argent dans nos usines et dans nos entreprises, ce n’est pas de les faire partir”, a-t-il poursuivi.

“Je ne veux pas enrichir Monaco, moi. Je ne veux pas enrichir la Suisse, je ne veux pas enrichir l’Autriche. Je veux que les gens viennent dépenser leur argent en France et investir en France”, a ajouté le président. Il a dit qu’il avait voulu le bouclier fiscal “pour que la France puisse être dans la compétition avec les Allemands”, qui en disposent aussi.

Violemment critiqué par la gauche et le MoDem de François Bayrou, le bouclier, qui limite le montant de l’impôt à 50% des revenus, agite les rangs de la majorité depuis plusieurs jours.

Pour la première fois depuis son adoption en 2007, cette mesure emblématique de la politique de Nicolas Sarkozy a été remise en cause par un député UMP, René Couanau, qui a annoncé son intention d’en demander la suspension. Jamais en retard d’un coup de griffe contre le président, l’ex-Premier ministre Dominique de Villepin l’a rejoint, au nom de “la justice sociale”.

Dans la foulée, le président UMP de la commission des Affaires sociales de l’Assemblée Pierre Méhaignerie a évoqué l’idée d’une taxation exceptionnelle, pour les mêmes motifs, des revenus supérieurs à 300.000 euros.

Devant les salariés d’Alstom, Nicolas Sarkozy a brocardé ces “amis politiques” dont il a raillé “la colonne vertébrale”. “Quand il y a des grosses vagues, ils ont l’impression d’avoir le mal de mer”, s’est-t-il moqué.

“Ca commence toujours pareil, on dit +il faut augmenter les impôts sur les riches+ et puis ça finit toujours par tomber sur les classes moyennes”, a-t-il insisté. “S’il suffisait d’augmenter les impôts pour qu’il y ait de la justice sociale, depuis des années qu’on augmente les impôts gauche et droite confondues, on devrait être le pays le plus juste au monde !”, a-t-il déclaré.

S’il a redit son refus de supprimer l’impôt sur la fortune, le chef de l’Etat a conseillé à ceux qui le paient “d’investir dans nos entreprises”. “Ca, c’est une bonne utilisation de l’argent”.

Malgré la sortie du chef de l’Etat, le bouclier fiscal a encore monopolisé mardi les débats de la réunion du groupe UMP à l’Assemblée nationale.

Après leur patron Jean-François Copé, plusieurs députés ont dénoncé les propositions de leurs collègues Couanau et Méhaignerie. “Parler comme ça fait fouillis”, a regretté Patrick Ollier, alors que Marc Laffineur a mis en garde contre tout “changement de stratégie fiscale”.

Quant au rapporteur général du budget Gilles Carrez, même “très réticent” face à l’initiative Méhaignerie, il a résumé le débat en concédant que le bouclier fiscal était “une machine à problèmes constants”.