à la Maison Blanche (Photo : Paul J. Richards) |
[18/03/2009 05:54:13] WASHINGTON, 17 mars 2009 (AFP) Le secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner, de plus en plus contesté pour sa gestion du dossier AIG, a annoncé mardi une accélération du démantèlement de l’assureur, abandonnant devant la fureur de l’opinion l’espoir de redresser l’ancien numéro un mondial.
“Nous allons travailler sur des mesures pour liquider AIG de manière ordonnée et pour protéger le contribuable américain”, a assuré le ministre dans une lettre adressée à la présidente démocrate de la Chambre des Représentants Nancy Pelosi et rendue publique dans la soirée par ses services.
M. Geithner a précisé dans sa missive rechercher “tous les moyens responsables pour accélérer cette liquidation” du groupe.
Le gouvernement américain, qui est détenteur de 79,9% du capital d’AIG depuis sa quasi-faillite de l’automne, espérait jusqu’ici sauvegarder une entreprise amincie, largement recentrée sur les Etats-Unis, après cession de certains de ses actifs pour rembourser les aides de l’Etat.
Logo d’AIG (Photo : Stan Honda) |
AIG a enregistré l’an dernier la perte la plus élevée jamais subie par une société américaine (99,3 milliards de dollars) et a dû faire l’objet de quatre plans successifs d’aide de l’Etat qui portent l’addition potentielle pour les finances publiques à 180 milliards de dollars.
Mais l’hostilité de l’opinion au sauvetage de cette icône de la finance mondiale a pris un tour exacerbé lorsqu’il a été révélé que le groupe avait versé d’énormes primes conséquentes aux responsables mêmes de sa déconfiture.
Le scandale éclabousse en premier lieu le secrétaire au Trésor car celui-ci ne peut se défausser, comme d’autres membres de l’équipe Obama, sur l’ancienne administration. M. Geithner, en sa qualité de président de la Fed de New York, a joué en septembre un rôle crucial dans le premier renflouement d’AIG.
M. Geithner “a joué un rôle déterminant dans le sauvetage d’AIG et de (la banque) Citigroup. C’est pour cela qu’il a son job actuel – nous voulions de la continuité, disait le président (Obama)”, a rappelé sur la radio NPR Peter Morici, professeur d’économie à l’université du Maryland.
M. Geithner a précisé qu’AIG devra rembourser l’intégralité des primes controversées, d’un montant de 165 millions de dollars. En outre, les fonds supplémentaires que doit lui verser l’Etat –30 milliards de dollars– seront amputés d’une somme équivalente, a-t-il ajouté. Le ministre a précisé avoir demandé au PDG Edward M. Liddy –auquel il a réitéré son soutien– de supprimer “les centaines de millions de dollars” de primes encore dues par le groupe cette année.
Le patron d’AIG, arrivé aux manettes du groupe après l’intervention de l’Etat, s’est engagé à appliquer en la matière les lignes directrices fixées par le gouvernement pour les entreprises bénéficiant de fonds publics.
Pour M. Morici, M. Geithner va devoir “défendre sa conduite” dans toute cette affaire. “Il n’avait pas besoin de négocier (la suppression des primes controversées), il aurait pu l’imposer”, a-t-il fait valoir.
A ceux qui affirment que le groupe était tenu à verser ces bonus pour des raisons contractuelles, l’universitaire a rappelé que le gouvernement n’avait pas hésité à imposer aux constructeurs automobiles General Motors et Chrysler de renégocier leurs conventions collectives au détriment des salariés afin d’obtenir des fonds publics.