ès de Washington, lors d’une foire à l’emploi, le 17 mars 2009 (Photo : Win Mcnamee) |
[18/03/2009 08:10:31] LANDOVER, Etats-Unis (AFP) Deux heures avant l’ouverture des portes du stade de football américain FedExField à Landover, près de Washington, une file d’attente se forme pour la plus grande foire à l’emploi de la région.
A neuf heures, ils sont quelque deux cents. Une heure plus tard 1.500 personnes, parfois avec des bébés en poussette, font la queue et au moins 4.000 sont attendues pour rencontrer dans la journée une cinquantaine d’entreprises qui recrutent dans la région.
“D’habitude nous voyons deux mille personnes. Nous nous attendons au double aujourd’hui”, affirme Teidra Delacoutray, porte-parole de l’opération organisée par le journal The Employment Guide.
Quels emplois cherchent-ils ? La réponse la plus fréquente, après un sourire, est : “Là maintenant ? N’importe quoi”. C’est le cas de Trey Grey, 23 ans, afro-américain comme les deux tiers de la foule, qui, sa fille de deux ans dans une poussette, cherche un poste dans le bâtiment.
“Ici vous avez des gens qui sont sérieusement à la recherche d’un travail. Si la récession continue, il va y avoir du mécontentement”, commente un autre, journaliste au chômage, licencié à 56 ans d’une chaîne de télévision locale avec 27 collègues.
à l’emploi à Landover près de Washington, le 17 mars 2009 (Photo : Win Mcnamee) |
Sur son 31, tailleur et talons aiguilles, la cinquantaine dynamique, une gestionnaire des ressources humaines –titulaire d’un master–, licenciée en janvier après 13 ans dans son entreprise, fulmine dans la queue: “j’ai dû partir le jour où on m’a annoncé mon licenciement. Ils m’ont envoyé mes affaires par la poste”, lâche-t-elle la gorge nouée, sans dire son nom parce qu’elle a signé un accord de confidentialité avec son employeur pour bénéficier de son indemnité-ancienneté.
“C’est brutal !”, intervient une autre chômeuse dans la file.
Ces pratiques de licenciements expéditives, qui étaient acceptées sans problème ces dernières années lorsqu’on pouvait retrouver un travail en une semaine, révoltent aujourd’hui les chercheurs d’emploi.
Employée depuis 4 ans, Kimberly Juge, 40 ans, a dû aussi partir le jour même de l’annonce de son licenciement. “On a quand même été payés le reste de la semaine”, ajoute-t-elle.
Le taux de chômage américain a atteint 8,1% en janvier, un record en 25 ans.
Dans les travées couvertes du stade, les exposants de la foire ont installé leurs tables et des files se forment pour déposer un CV, se présenter, remplir une fiche de candidature ou le plus souvent s’entendre expliquer comment se porter candidat sur internet.
“Ils vous disent tous: allez en ligne ! allez en ligne !”, s’énerve Qieth McQuree, qui cherche un emploi dans la police.
Côté employeurs, figurent l’armée bien sûr, la police, les services secrets, grands recruteurs, mais aussi des entreprises privées.
Jim Duvall est recruteur depuis 10 ans pour Frito Lay, le géant des chips de la famille Pepsi-Cola, et fait 8 à 10 “job fairs” par an. Aujourd’hui, il offre huit postes de livreurs et manutentionnaires pour un salaire de départ de 40.000 dollars l’année (30.000 euros). Au milieu de la matinée, il a déjà parlé à 600 personnes.
“Depuis août, je vois de plus en plus de monde à ces foires. Mais je crois que celle-là, ça dépasse tout”.
Steven Brock, recruteur pour une coopérative bancaire locale, remarque que “les candidats viennent d’horizons plus variés avec davantage d’expérience que par le passé”. “Ce n’est pas une foule de jeunes de vingt ans !”, note-t-il. Il a déjà “quelques noms en tête” pour les quatre postes qu’il propose, “des gens qui étaient parmi les premiers à l’ouverture. Cela veut peut-être dire quelque chose”.