[18/03/2009 18:10:24] PARIS (AFP)
étaire d’Etat chargé des PME, Hervé Novelli sous le regard de la ministre de l’Economie, Christine Lagard (Photo : Bertrand Guay) |
Les créations d’entreprises ont explosé depuis le début de l’année grâce à l’engouement des Français pour le nouveau régime de l’auto-entrepreneur, qui peut être une réaction positive à la hausse du chômage mais pas nécessairement un fort stimulant pour l’activité économique.
Après avoir bondi de 34,7% en janvier par rapport à décembre, le nombre de créations d’entreprises a de nouveau fortement augmenté en février (+29%), une hausse liée à la prise en compte du nouveau statut de l’auto-entrepreneur dans les statistiques de l’Insee.
Depuis le 1er janvier, ce statut permet aux salariés, chômeurs, retraités ou étudiants de développer une activité principale ou complémentaire, avec des démarches simplifiées et un régime fiscal et social avantageux en-deçà d’un certain revenu. Il a récemment été étendu aux professions libérales et est en passe de s’ouvrir aux fonctionnaires.
Au total, 43.213 entreprises ont ainsi été créées en février après 33.496 en janvier, précise l’Institut national de la statistique.
La ministre de l’Economie, Christine Lagarde, et le secrétaire d’Etat chargé des PME, Hervé Novelli, se sont félicités de ce “nouveau record historique” permis par ce régime qui “stimule durablement l’exercice d’activités économiques indépendantes”.
Pour l’économiste Alexander Law (Xerfi), ce record est loin d’être en contradiction avec la crise économique. “On assiste à une rapide dégradation de l’emploi salarié depuis le deuxième semestre 2008”, avec 106.800 destructions d’emplois pour le seul quatrième trimestre, “or quand on perd son emploi, la création d’une entreprise individuelle peut être une réponse”, souligne-t-il.
“Une entreprise nouvelle sur deux est lancée par une personne qui était au chômage”, notait déjà Hervé Novelli après le record de janvier.
Cette tendance avait également été observée lors d’autres crises en France, confirme Mathieu Plane, de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).
Mais “le problème, c’est la pérennité” de ces entreprises. “Il y en avait beaucoup qui périclitaient dès la première année”, relève M. Plane, pour qui ce record est un “chiffre trompeur”.
“Ce qui compte, c’est d’abord de savoir combien ça crée d’emplois et quelle est la durée de vie de ces entreprises”, ajoute-t-il. Pour lui, le régime de l’auto-entrepreneur ne peut pas “être une réponse globale à la crise” au moment où les entreprises françaises ne parviennent pas à écouler leur offre.
Si les créations montent en flèche dans les services et le commerce, qui peuvent bénéficier du nouveau statut, elles plongent en revanche sur les douze derniers mois dans l’industrie manufacturière (-9,1%) ou d’autres activités fortement touchées par la crise (construction -5,9%, activités immobilières -4,9%).
“Il faudra attendre de voir la tendance sur un an” pour tirer des conclusions, renchérit Alexander Law, soulignant que les entreprises individuelles ont un poids très marginal dans l’économie globale.
En outre, la hausse des créations d’entreprises va nécessairement se traduire par une hausse des défaillances, surtout avec la crise, avertit-il.
Reste que “c’est un signal assez positif car ça montre qu’il n’y a pas de fatalisme face à la crise, alors que le moral des ménages, qui ne cesse de baisser, aurait pu laisser penser le contraire”.