Etats-Unis : la Fed frappe un grand coup en annonçant de nouvelles interventions

[18/03/2009 22:43:17] WASHINGTON (AFP)

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ège de la Fed à Washington, le 8 octobre 2008 (Photo : Karen Bleier)

La Réserve fédérale des Etats-Unis a frappé là où on ne l’attendait pas mercredi en annonçant un renforcement de ses interventions sur les marchés financiers, où elle va acheter des obligations du Trésor américain pour faciliter une détente des conditions de crédit.

La Fed “a décidé d’acheter jusqu’à 300 milliards de dollars de bons du Trésor à long terme au cours des six prochains mois”, indique le Comité de politique monétaire (FOMC) de la banque centrale dans un publié à l’issue de deux jours de réunion à Washington.

Cette action a surpris bon nombre d’analystes qui s’étaient préparés à ce que la Fed redise simplement son engagement à employer “tous les outils à sa disposition” pour promouvoir la reprise économique.

En fait, la banque centrale a annoncé une série de mesures qui vont augmenter la taille de son bilan de 1.150 milliards de dollars supplémentaires.

Pour Julia Coronado, de Barclays Capital, la Fed a “sorti l’artillerie lourde”: “ils ont conclu qu’ils ne pouvait pas rester assis les bras croisés en attendant que le Trésor et le Congrès résolvent les problèmes, et qu’ils devaient être plus agressifs pour faire repartir les marchés financiers”.

Sans surprise, la banque centrale a annoncé qu’elle maintenait son taux directeur dans sa fourchette de fluctuation de 0 à 0,25% en vigueur depuis décembre. L’abaissement progressif de ce taux a contribué à faire baisser les taux à court terme, mais les taux longs n’en ont pas vraiment bénéficié.

D’où le rachat sur les marché d’obligations du Trésor, qui engage résolument la Fed sur la voie de “l’assouplissement monétaire quantitatif”. L’annonce a d’ailleurs été accueillie avec enthousiasme à Wall Street.

L’arrivée de la Fed sur le marché de la dette publique devrait faire baisser les taux à long terme et par conséquent le coût des emprunts obligataires lancés par les entreprises, leur apportant ainsi une bouffée d’oxygène.

La Banque d’Angleterre avait décidé le 5 mars de racheter des emprunts d’Etat, et cette annonce a été suivie d’une baisse sensible des taux à long terme en Grande-Bretagne, ce qui a sans doute poussé la Fed à faire de même.

Pour Ian Shepherdson, économiste de l’institut HFE, l’adoption d’une telle stratégie par la Fed était “inévitable”.

Le but de la manoeuvre est de détourner les flux de capitaux “des bons du Trésor vers des actifs plus risqués en rendant les premiers moins attirants. Nous ne sommes pas sûrs que 300 milliards de dollars soient suffisants, mais c’est un bon début”, note-t-il.

La Fed a annoncé également une augmentation de son programme de rachats de titres adossés à des actifs immobiliers de 750 milliards de dollars, pour le porter au maximum à 1.250 milliards de dollars.

L’objectif de ce programme d’achat de titres émis par les organismes de refinancement hypothécaires Fannie Mae et Freddie Mac est de faire baisser en bout de chaîne le coût des emprunts immobiliers. La Fed en a racheté pour plus de 200 milliards de dollars depuis son lancement en janvier.

Jugeant “mauvaises” les perspectives économiques à court terme, la banque centrale a toutefois estimé que ses actions, associées au plan de relance budgétaire de 787 milliards de dollars promulgué en février, “vont contribuer à la reprise graduelle d’une croissance économique durable”.

Le communiqué ne mentionne aucune date espérée pour cette reprise, alors que le président de la Fed, Ben Bernanke avait estimé il y a quelques jours que celle-ci devrait arriver au début de l’année 2010.

La Fed a par ailleurs annoncé envisager d’augmenter la portée de sa facilité d’aide au crédit à la consommation en élargissant la palettes de titres éligibles à ce programme doté pour l’instant de 200 milliards de dollars.

Le FOMC ne donne cependant aucun détail sur ce point.