[19/03/2009 19:43:55] LONDRES (AFP)
Un euro et un dollar (Photo : Joël Saget) |
Le dollar était reparti à la baisse face à l’euro jeudi en fin d’échanges européens, après s’être déjà effondré mercredi à la suite du lancement par la Réserve fédérale américaine (Fed) d’une politique d’assouplissement quantitatif, via des rachats d’actifs.
Vers 17H00 GMT (18H00 à Paris), la monnaie européenne valait 1,3694 dollar contre 1,3509 mercredi vers 22H00 GMT.
La décision surprise de la Fed mercredi de racheter des bons du Trésor et des titres adossés à des crédits immobiliers a alimenté les craintes de dépréciation des avoirs américains, et a entraîné le billet vert vers des niveaux plus vus depuis début janvier.
Avec l’annonce par la banque centrale américaine du rachat de bons du trésor américain à long terme sur les six prochains mois (300 milliards de dollars) et de l’augmentation des achats de titres adossés à des crédits immobiliers (750 milliards de dollars), le dollar a payé la facture.
Il est tombé jeudi vers 15H15 GMT à 1,3738 dollar, un plus bas depuis le 9 janvier.
“La réaction du marché des changes a été sévère” commentait Mitul Kotecha de Calyon, estimant que “dans l’immédiat, le billet vert resterait sous pression dans la mesure où il coïncide avec un regain de l’appétit du risque”.
L’annonce inspirait, jeudi matin, des commentaires emphatiques aux analystes, Standard Chartered titrant “le jour où le dollar est mort” tandis que Commerzbank conseillait d’oublier “Ben l’hélicoptère” (en référence au banquier central lançant des liquidités depuis un hélicoptère) et de parler désormais de “Ben Rambo”, soulignant l’agressivité de la mesure.
“Ce genre d’annonce change les règles du jeu. L’approche +choc et stupeur+ désigne clairement la Fed comme la plus déterminée des banques centrales” estimait Lee Hardman, de Bank of Tokyo-Mitsubishi, en référence à la doctrine militaire mise en oeuvre lors de l’invasion de l’Irak en 2003.
“C’est un signal que les prudentes demi-mesures n’ont pas été efficaces et que la Fed est désormais prête à à faire tout ce qui est en son pouvoir pour baisser TOUS les taux” résumaient les analystes de Standard Chartered, notant que les cambistes se dirigeaient maintenant vers les “actifs plus risqués comme les monnaies des marchés émergents et les actions”.
Certes, des mesures équivalentes de la part de la Banque centrale européenne (BCE) au sein de la zone euro pourraient relancer le billet vert face à l’euro, alors que les banques centrales japonaise, suisse et britannique ont lancé des politiques d’assouplissement quantitatif similaires. Mais cela semblait improbable à court terme, jugeaient la plupart des analystes.
“L’impact de cette politique sur le dollar dépendra de l’efficacité de cette politique et des attentes d’inflation (…) Une politique d’assouplissement quantitatif ne débouche pas forcément sur un affaiblissement de la monnaie, le yen par exemple ne s’en était pas mal porté il y a quelques années” rappelait Mitul Kotecha.
“La combinaison d’une politique budgétaire expansionniste et d’un plus ample assouplissement d’une politique monétaire elle-même déjà expansionniste risque à terme de laisser le dollar dans un état de faiblesse caractérisé” mettaient cependant en garde les analystes de Barclays Capital.
“Il ne faudrait pas oublier que la seule chose que la Fed ne peut pas financer est le déficit des comptes courants qui ne devrait pas s’amenuiser (avec cette politique d’assouplissement quantitatif, ndlr)” concluaient-ils.