A400M : la France et l’Allemagne accroissent la pression sur EADS

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Le logo d’EADS (Photo : Clemens Bilan)

[19/03/2009 18:44:46] PARIS (AFP) La France et l’Allemagne font monter la pression sur le groupe européen de défense et d’aéronautique EADS, menaçant de revenir sur leurs commandes d’avions de transport de troupes A400M, dont le retard de livraison est estimé à au moins quatre ans.

Jeudi, l’Allemagne, le plus important client du programme avec 60 appareils commandés, a tapé du poing sur la table.

Dans une interview au quotidien allemand Süddeutsche Zeitung, le secrétaire d’Etat allemand à la Défense Rüdiger Wolf a jugé que la résiliation des commandes de l’A400M devait être considérée comme une “option sérieuse”.

“Certes, nous sommes conscients de la signification politico-industrielle de ce projet, mais cela ne veut pas dire que nous allons laisser EADS nous faire tourner en bourrique”, a-t-il prévenu.

De son côté, la France, deuxième plus grand commanditaire (50 appareils), n’avait pas exclu mardi de réduire le nombre d’exemplaires achetés. “Cela fait partie des mesures examinées”, a déclaré le Délégué général pour l’armement, Laurent Collet-Billon, lors d’une conférence de presse à Paris.

Les réductions de commandes “ne devront pas excéder un certain seuil, sinon le programme ne vaudra plus le coup pour EADS. Il faut en discuter avec EADS”, a-t-il ajouté.

Interrogé par l’AFP, EADS n’a pas fait de commentaire sur ces déclarations.

Les sept pays européens commanditaires de l’A400 –outre l’Allemagne et la France, l’Espagne, le Royaume-Uni, la Turquie, la Belgique et le Luxembourg pour 180 appareils au total– avaient la possibilité, à compter du 1er avril, de dénoncer leurs contrats, EADS n’ayant pas respecté son engagement de procéder à un vol inaugural en janvier 2008.

Mais il y a une semaine, à Prague, le ministre français de la Défense Hervé Morin a annoncé qu’ils s’étaient mis d’accord sur un moratoire de trois mois, laissant la porte ouverte à la renégociation du contrat avec EADS.

Pour certains pays clients, tels la France et la Grande-Bretagne, dont les avions de transport de troupe sont vieillissants, le temps presse.

Les Transall qui équipent l’armée française “sont à bout de souffle”, a estimé mardi M. Collet-Billon, précisant que la France “regardait tout ce qui était possible de manière à boucher le trou opérationnel du retard de quatre ans et sans a priori aucun”.

Parmi les possiblités envisagées, il a cité la location des avions russes Antonov, via l’Otan, ou des Transall de l’armée allemande –qui ont été moins utilisés et sont par conséquent en meilleur état–.

Interrogé par l’AFP, le ministère britannique de la Défense, “évidemment inquiet des retards”, a dit envisager différents plans d’urgence, tels que le prolongement de la durée de vie des C130 (avions américains, ndlr) et la location ou l’achat de nouveaux appareils, comme par exemple des C17 (de Boeing) ou des C130″.

EADS avait récemment évalué que l’annulation du contrat –lancé en 2003 avec les sept pays et d’un montant de 20 milliards d’euros au total– se traduirait par 5,7 milliards d’euros de remboursements d’avances.

Il a déjà provisionné 2,1 milliards d’euros pour les retards de cet appareil à hélices équipé de quatre turbopropulseurs. L’A400M est destiné aussi bien au transport de troupes (jusqu’à 116 hommes) et de matériel qu’à des missions de maintien de la paix ou humanitaires, et peut assurer le ravitaillement en vol de nombreux autres avions.