Le Medef assure ne pas pouvoir fixer la rémunération des dirigeants

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ésidente du Medef Laurence Parisot, le 17 mars 2009 à Paris (Photo : Eric Piermont)

[19/03/2009 18:53:13] PARIS (AFP) Le Medef a assuré jeudi n’avoir “ni les moyens ni le désir” de fixer les rémunérations des patrons qui licencient, sur fond de polémique sur la taxation des hauts revenus et sur les émoluments des dirigeants des entreprises renflouées par l’Etat.

Le gouvernement a demandé mardi, à deux jours de la mobilisation intersyndicale, au Medef et à l’Association Française des Entreprises Privées (Afep) de définir un dispositif concret pour inciter les dirigeants d’entreprises qui licencient à renoncer à leur bonus.

La présidente du Mouvement des entreprises de France, Laurence Parisot, a répondu jeudi sur Europe 1 ne pas avoir le pouvoir de décider de la rémunération des mandataires sociaux. Elle a appelé à ne pas faire des chefs d’entreprise des “bouc-émissaires” de la crise.

“Le Medef a une autorité morale, mais pas plus que ça. Nous n’avons pas les moyens, ni même le désir d’imposer quelque chose qui dépend de la relation contractuelle entre le mandataire social et son entreprise, via les décisions du conseil d’administration”, a-t-elle relevé.

“Toujours prompte à se montrer vindicative, voire brutale avec les salariés et les syndicats, elle retrouve soudain une mesure et une pseudo-impuissance lorsqu’il s’agit de condamner les excès de ses pairs”, a réagi le Parti communiste français.

Alors que les plans sociaux se succèdent, le gouvernement souhaite éviter en France un scandale comme celui provoqué aux Etats-Unis par l’assureur AIG.

Le gouvernement américain essaie de l’empêcher de verser 165 millions de dollars de primes promises à ses cadres, après avoir été sauvé de la faillite par plus de 170 milliards de dollars d’argent public.

“Le président Nicolas Sarkozy a demandé le 18 février que les dirigeants et mandataires sociaux des entreprises qui recourent à du chômage technique massif ou un plan social d’ampleur renoncent à la part variable de leur rémunération”, a-t-on indiqué à Bercy.

“Le gouvernement demande au Medef et aux organisations patronales de faire des propositions opérationnelles pour que cela soit appliqué dans la vie des entreprises. Il souhaite aussi qu’ils relaient un message de vigilance à leurs adhérents”, a ajouté cette source.

Le gouvernement a demandé que des propositions lui soient remises avant le 31 mars.

Le Medef ne peut en effet qu’édicter des recommandations, mais elles sont généralement suivies par ses adhérents, observe une source gouvernementale.

Sous pression du gouvernement qui a accordé une aide d’urgence à l’industrie automobile, les présidents de Renault, Carlos Ghosn, et du groupe PSA Peugeot Citroën Christian Streiff, ont renoncé à leurs bonus.

Avant eux, les dirigeants des principales banques françaises avaient annoncé faire de même pour bénéficier d’une nouvelle aide publique cruciale.

Toutefois, le conseil d’administration de la Société Générale a voté, le 9 mars, l’attribution de 70.000 stock-options à son président Daniel Bouton et 150.000 au directeur général de la banque, Frédéric Oudéa.

Ces décisions interviennent sur fond de polémique sur l’opportunité de remettre en cause le bouclier fiscal, accusé par la gauche et certains centristes de mettre les gros patrimoines à l’abri d’un alourdissement futur de la fiscalité qui sera probablement nécessaire pour financer l’alourdissement de la dette.

L’Assemblée nationale a rejeté jeudi un amendement du député UMP Pierre Méhaignerie visant à instaurer une contribution sur les plus hauts revenus.