L’UE envisage un doublement de son aide d’urgence à l’Europe de l’Est

photo_1237536734208-1-1.jpg
ésident de la Commission européenne José Manuel Barroso, le 19 mars 2009 (Photo : Dominique Faget)

[20/03/2009 08:22:57] BRUXELLES (AFP) Les pays de l’UE envisagent de doubler à 50 milliards d’euros leur enveloppe de prêts d’urgence à l’Europe de l’Est, confrontée à de sérieuses difficultés financières avec la crise, ont indiqué plusieurs responsables jeudi soir.

“Nous sommes à peu près d’accord sur le presque doublement de cette facilité. Nous verrons demain si tous les Etats membres peuvent se déclarer d’accord avec l’extension”, a dit le Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, également chef de file des ministres des Finances de la zone euro.

Il s’exprimait devant la presse à l’issue du premier jour d’un sommet des dirigeants européens à Bruxelles.

L’Allemagne a donné son feu vert à un doublement des prêts disponibles lors de la réunion, selon une source diplomatique européenne.

“Nous avons dit au Conseil (qui réunit les gouvernements de l’UE) que si nous voulons donner un signal de soutien nous devrions convenir d’un doublement des réserves”, a déclaré le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, à l’origine de la proposition.

“J’espère que cela sera approuvé demain, ce serait une bonne démonstration de notre esprit de solidarité”, a-t-il ajouté.

L’idée est de rassurer les pays d’Europe de l’Est. Cette enveloppe de prêts d’urgence disponibles – pour les seuls pays de l’UE non membres de la zone euro- avait déjà été doublée en décembre, passant de 12,5 à 25 milliards d’euros.

La Hongrie et la Lettonie, en difficulté de paiement en raison de la crise financière, ont déjà tiré à hauteur de près de 10 milliards d’euros sur cette enveloppe d’urgence, dans le cadre de prêts accordés conjointement par l’UE et le FMI.

La Roumanie négocie actuellement elle aussi un tel prêt, qui serait d’un montant total de 20 milliards d’euros, sans qu’on sache quelle serait la part revenant à l’UE.

photo_1237536982322-1-1.jpg
Le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker, le 19 mars 2009 (Photo : John Thys)

Et d’autres pays pourraient être bientôt demandeurs, à commencer par la Lituanie, selon certains analystes.

Ces pays ont connu une forte chute du taux de change de leurs monnaies avec la crise, qui a de sérieuses conséquences. Les ménages et entreprises ont souvent empruntés en euro et doivent à présent rembourser avec une devise dépréciée, ce qui renchérit du même coup la facture.

Les banques en particulier sont en situation très difficile dans plusieurs pays.

Certains pays européens pourtant hésitent à relever trop les fonds disponibles dans l’immédiat, même s’ils se disent “prêts à les augmenter si nécessaire le moment venu”. Ils redoutent de créer un mouvement de panique sur les marchés en suggérant de la sorte que l’Europe de l’Est va au danger de graves difficultés.

“On ne sait pas si on va avoir besoin (de cette enveloppe supplémentaire), ni de combien”, alors “pourquoi afficher un chiffre”, a expliqué un diplomate.

Au-delà de l’UE, des pays du voisinage immédiat du bloc des 27 frappent aussi à la porte de l’Europe. C’est le cas de l’Ukraine.

Le vice-Premier ministre ukrainien Hrihoriy Nemyria a appelé jeudi à Bruxelles l’Union européenne à faire preuve de “créativité” et à élargir à son pays et d’autres pays frontaliers la possibilité d’accorder des prêts d’urgence face à la crise.

Soulignant que “30% du système bancaire ukrainien appartient à des banques ouest-européennes”, M. Nemyria a estimé qu’il y avait là “une interdépendance de facto”.