Mouvement social : le pouvoir inflexible, pas de nouveau rendez-vous

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à Montpellier (Photo : Pascal Guyot)

[20/03/2009 13:13:49] PARIS (AFP) Le gouvernement restait inflexible vendredi au lendemain du succès de la nouvelle journée d’action, rejetant l’idée d’un plan de relance bis, ce qui a ravivé la polémique sur son action face à la crise.

L’intersyndicale, qui s’est réunie vendredi au lendemain du succès des manifestations du 19 mars, a déclaré ne pas avoir fixé de nouvelle date de mobilisation et programmé une nouvelle rencontre le 30 mars.

Les huit syndicats (FO, CGT, CFDT, CFE-CGC, Solidaires, FSU, CFTC et Unsa) ont convenu de rechercher les modalités les plus adaptées pour donner encore plus d’efficacité aux prochaines mobilisations”, affirme une déclaration lue à l’issue de la réunion.

“La mobilisation du 19 mars 2009 a connu une ampleur incontestable tant par le nombre de grévistes du privé et du public que par le nombre de manifestants. Le gouvernement et le patronat doivent entendre ce que disent les salariés et répondre aux propositions de l’intersyndicale”, déclare le texte.

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érèque, Bernard Thibault, Jean-Claude Mailly, Gérard Aschieri lors de la manifestation le 19 mars 2009 à Paris (Photo : Jacques Demarthon)

Les syndicats ont mis “notamment en débat l’étape importante que constitue le 1er mai” et “se retrouveront le 30 mars pour décider” des suites de la mobilisation, ajoute la déclaration.

Dès jeudi soir François Fillon avait prévenu: la réponse du gouvernement ne sera “certainement pas un nouveau plan de relance”.

Quelques heures avant, de 1,2 million (police) à 3 millions (CGT) de personnes défilaient à travers la France à l’appel des principaux syndicats.

Premier ministre, conseillers de l’Elysée, ministres, se sont succédé dans les médias pour assurer que le pouvoir comprenait “l’inquiétude très légitime face à une crise mondiale d’une très grande gravité”. Mais tous ont martelé le même message: les mesures ont été prises, y compris sociales, attendons qu’elles produisent leurs effets.

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à Lille (Photo : Denis Charlet)

“Ce ne sont pas simplement des défilés ou des manifestations qui permettront de sortir de la crise. On ne peut pas demander un autre plan alors que le plan initial ne s’est pas encore déployé”, a ainsi insisté Brice Hortefeux, le ministre du Travail.

Le patron de l’UMP Xavier Bertrand a appelé à “faire de la pédagogie” et une “priorité” de l’entrée en vigueur “avant l’été” des mesures annoncées au sommet social du 18 février. Le gouvernement a d’ailleurs lancé jeudi une campagne de communication de 1,9 million d’euros dans la presse, pour faire connaître ces mesures.

Syndicats et opposition ont dénoncé cette attitude, à l’instar de nombreux éditorialistes qui déploraient l'”autisme” du pouvoir. “Le gouvernement ne peut pas dire +on va attendre, et on va jouer le calendrier+ d’une certaine manière”, a regretté le secrétaire général de Force Ouvrière Jean-Claude Mailly.

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écran du Premier ministre François Fillon sur TF1 le 19 avril 2009

“En France, nous sommes avec des mesurettes qui ne sont pas à la hauteur”, a lancé la patronne du Parti socialiste Martine Aubry, appelant “le président de la République à prendre en compte ce que lui disent” les Français.

L’ancienne candidate socialiste à la présidentielle Ségolène Royal a elle appelé à “continuer la protestation”, dénonçant “l’incompétence et le mépris gouvernemental et présidentiel”.

Et François Bayrou (MoDem) a fustigé une réponse “insuffisante” et une attitude “désinvolte”, prédisant que “la situation peut se dégrader profondément entre les Français et le pouvoir”.

Malgré les dernières prévisions de l’Insee, qui voit la France s’enfoncer un peu plus dans la récession, avec un PIB en chute libre au premier semestre 2009 et une flambée des destructions d’emplois, le gouvernement aura été conforté par l’Union européenne.

Réunis à Bruxelles, les 27 ont rejeté jeudi les appels du FMI et des Etats-Unis à un effort supplémentaire en faveur de la relance. Mais l’opposition affirme que Paris en fait déjà moins que ses partenaires.

Un autre débat risque de rebondir au niveau européen, après l’annonce choc vendredi matin par le secrétaire d’Etat à l’Industrie Luc Chatel que Renault allait relocaliser à Flins (Yvelines) la production d’un véhicule fabriqué à l’étranger. Une décision qui pourrait relancer les accusations de protectionnisme contre Paris.

Enfin, alors que le pouvoir est accusé d’injustice en refusant de revenir sur le bouclier fiscal pour les plus hauts revenus, la polémique sur les rémunérations des patrons -que le gouvernement veut voir encadrées- rebondissait avec l’annonce de l’attribution de stocks options aux dirigeants de la Société Générale. L’UMP a demandé des “explications”. “Indécent” a tranché Luc Chatel.