A Sochaux, la “ville-Peugeot”, les angoissants silences de l’usine

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ère sur la chaîne d’assemblage de l’usine Peugeot de Socheaux le 18 mars 2009 (Photo : Sébastien Bozon)

[20/03/2009 20:00:11] SOCHAUX (AFP) Les machines ont repris leur bruit régulier après six jours de silence à l’usine historique de Peugeot à Sochaux (Doubs). “C’est démoralisant lorsque les machines ne fonctionnent pas. Je préfère le bruit”, confie Laurent Roziak, ouvrier du constructeur automobile français.

Laurent Roziak travaille depuis 20 ans à Peugeot-Sochaux, la plus grande usine de France, comme 12.000 autres salariés. La semaine dernière, ils ont été prévenus que la production serait arrêtée, à cause d’une grève chez l’un des fournisseurs de l’usine.

Il y a eu plusieurs interruptions des lignes de production de voitures cette année, et trois semaines d’arrêt en décembre. Sochaux, la “ville-Peugeot”, a ainsi ressenti le plein impact d’une crise économique qui frappe en premier l’industrie automobile, avec un plongeon des ventes en Amérique et en Europe.

“On se demande si ça va redémarrer ou non. C’est la première fois qu’on a tant de jours chômés”, s’inquiète David Sciaux, 37 ans, lui aussi de retour cette semaine à la production.

PSA Peugeot Citroën, premier constructeur automobile français et deuxième européen, s’attend à une baisse de 20% de ses ventes cette année et, comme son concurrent Renault, il a annoncé des milliers de suppressions de postes. Il a enregistré l’an dernier ses premières pertes financières depuis 10 ans.

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èces d’une voiture à l’usine Peugeot de Sochaux le 18 mars 2009 (Photo : Sébastien Bozon)

Fondée il y a un siècle par les frères Jean-Pierre et Jean-Frédéric Peugeot, cette usine est le poumon économique de toute une région. Environ 65.000 emplois en dépendent.

L’usine est un réseau de bâtiments connectés par des kilomètres de routes et de voies ferrées, tout près du centre de la ville, à un jet de pierre du théâtre et du stade de football, où joue l’équipe de Sochaux, en première division du championnat français, avec le soutien de Peugeot.

“C’est bien connu. Quand Peugeot tousse, c’est toute la région qui s’enrhume”, dit Pascal Paillard, syndicaliste Force Ouvrière (FO).

Depuis le début de la crise, la direction a supprimé 1.000 emplois d’intérimaires, dont les contrats n’ont pas été renouvelés. Des négociations sont en cours pour le départ volontaire de 150 cadres.

Pour l’instant, les jours d’arrêt sont payés intégralement chez Peugeot-Sochaux. Mais la situation est bien différente chez les sous-traitants, où les salariés, en situation de chômage technique, sont rémunérés à la moitié du salaire.

Le syndicaliste de FO craint que les salaires ne puissent être maintenus si les périodes d’arrêt de production se multiplient. Selon lui, des réaffectations vers d’autres sites français pourraient être proposées.

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Parking de l’usine Peugeot de Sochaux le 18 mars 2009 (Photo : Sébastien Bozon)

Lors de la journée nationale de manifestations, jeudi, les ouvriers de l’industrie automobile étaient en première ligne dans la ville voisine de Montbéliard pour dire “non aux suppressions d’emplois”.

La direction espère que la reprise tant attendue se manifestera en 2010 et qu’à ce moment-là, l’usine sera bien placée pour en tirer parti, a indiqué Jean-Charles Lefebvre, un porte-parole de Peugeot.

Au-delà des portes de l’usine, la ville de Sochaux souffre des effets de la crise de l’industrie automobile. La baisse de l’emploi à la production et chez les sous-traitants se ressent dans les affaires des commerçants.

Dans son café, Francine Jacob a dû récemment se séparer de deux de ses cinq employés. “Je ne suis pas très optimiste. Les gens vont avoir du mal a s’en remettre”, dit-elle.