La crise contraint les hommes d’affaires à renoncer aux jets privés

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éressent à un jet privé Learjet 60 au salon aéronautique de Singapour, le 21 février 2006 (Photo : Roslan Rahman)

[22/03/2009 08:47:19] PARIS (AFP) Malmenés par la crise qui oblige les entreprises à resserrer leur budget, les hommes d’affaires renoncent à leurs jets privés et désertent les classes business des avions, au grand désespoir des constructeurs aéronautiques et des compagnies aériennes.

“Nous ne vendons presque plus de Falcon depuis le mois de janvier”, constatait récemment Serge Dassault, président du groupe éponyme et qui fabrique un modèle d’avion d’affaires haut de gamme.

“Je serais fou de joie” si Dassault Aviation “terminait 2009 en année nulle”, c’est-à-dire avec autant de commandes que d’annulations, a avoué de son côté Charles Edelstenne, patron de l’avionneur, tout en ajoutant avoir le sentiment que ce “sera pire que ça”.

“Nous n’avons aucune visibilité en matière de commandes”, a-t-il encore dit.

Dans les avions de ligne règne le même désespoir devant la disparition des clients les plus lucratifs. Avant la crise, ces derniers étaient prêts à payer le prix fort pour voyager confortablement et changer leurs billets au dernier moment.

Le nombre de passagers voyageant en classe affaires ou première classe a plongé de 16,7% en janvier comparé à l’année précédente, après une chute de 13,3% en décembre, selon l’Association internationale du transport aérien (IATA).

“Il existe des signes évidents que des passagers voyageant habituellement en classe affaires ou première s’installent désormais aux places économiques, particulièrement en Europe”, remarque IATA qui représente 230 compagnies, soit 93% du trafic aérien international, à l’exclusion des compagnies low-cost.

De fait, la crise a touché de plein fouet des clients affectionnant particulièrement les déplacements en avion, les banquiers et les cadres automobiles, observe un connaisseur du secteur.

“Des clients prestigieux comme la banque américaine Citigroup, Royal Bank of Scotland et l’assureur américain AIG sont aujourd’hui des damnés dont les commandes ne valent plus rien”, expliquait d’ailleurs M. Edelstenne.

Un avion d’affaires coûte entre 4 et 40 millions de dollars, selon la taille et la puissance, rarement payés comptant. Avec le crédit devenu rare et cher, cette dépense passe désormais au second plan.

En outre, les utilisateurs de jet d’affaires, auparavant plutôt enviés, peuvent désormais craindre d’être voués aux gémonies.

En novembre, les dirigeants des constructeurs automobiles américains General Motors, Chrysler et Ford ont été critiqués pour s’être rendus à bord d’avions privés à Washington pour demander au Congrès d’adopter un plan d’aide à leur industrie sinistrée.

“N’auriez-vous pas pu voyager en première classe ou à bord d’un jet commun ou quelque chose comme ça?”, leur avait alors lancé le représentant démocrate de New York Gary Ackerman.

Dans les avions de ligne, la chute du nombre de passagers en classe affaires est planétaire. Reflet d’une crise économique qui s’est propagée dans les pays asiatiques fortement exportateurs, la chute du nombre de ce type de passagers a été extrême en janvier en Asie (-23,4%) et dans toute la zone Pacifique (-24,7%).

En Europe, la baisse était aussi conséquente: -22,2%. Face à cette hémorragie, les compagnies tentent de trouver des solutions. Ainsi, Air France fourbit une nouvelle arme, une sorte de classe affaires à tarifs “compétitifs”, baptisée “Premium Voyageurs”, qu’elle proposera à l’automne.