Retour sur la genèse du Web et les premières étapes de
sa création au sein d’un laboratoire du CERN par Tim Berners-Lee.
Le
fondateur, Tim Berners-Lee
En 1989, les PC étaient encore une nouveauté pour la plupart des gens
et, en dehors des milieux scientifiques, rares sont les personnes qui
avaient déjà entendu parler d’Internet.
Tout cela était sur le point de changer : le 13 mars 1989, un chercheur
nommé Tim Berners-Lee, travaillant au CERN, l’Organisation européenne pour
la recherche nucléaire, soumet un projet très sérieux : «le problème de la
perte d’information dans des systèmes complexes et évolutifs» ; il propose
«une solution basée sur un système distribué hypertexte».
Un schéma, «vague mais excitant»
Les principes fondateurs du document «Gestion d’informations : une
proposition» (copie ci-dessous) ne font pas directement penser à quoi que
soit qui ressemble au Web tel qu’on le connaît aujourd’hui. Notez en haut du
document l’inscription manuscrite du patron de Tim Berners-Lee, Mike Sendall,
qui considère la proposition «vague, mais excitante».
Un projet simple et complexe
Le document, que cet Anglais, aujourd’hui âgé de 53 ans, a conservé plaidant
pour la mise en place d’un réseau universel basé sur l’hypertexte -le
langage de programmation qui permet de générer des liens entre pages sur la
Toile- contenait un diagramme compliqué avec un cercle estampillé Mesh au
centre.
Le World Wide Web
“J’ai réfléchi à ce mot mesh et me suis dit que ça sonnait un peu trop comme
foutoir [mess en anglais, NDLR]”, raconte M. Berners-Lee, qui jeta
finalement son dévolu sur l’expression World Wide Web en mai 1990.
Le directeur général du Cern de l’époque, Rolf-Dieter Heuer, un physicien
allemand, se rappelle qu’il n’a “pas cherché à en savoir plus”. “Nous
n’avons pas prévu le formidable phénomène que ce nouveau système allait
provoquer”, note-t-il modestement.
Sur la base des premières expériences, le Cern fournit ensuite une sorte de
matrice pour les premiers développements du Web. Il accueillit une foule
d’informaticiens qui s’ingénièrent à résoudre les problèmes.
De façon tout à fait inhabituelle pour l’époque, “il y avait un ordinateur
sur chaque bureau, remarque M. Heuer. Le maître mot du projet était :
Partageons ce que nous savons”. Pour autant, les Berners-Lee, Cailliau,
Segal et Jean-François Groff, un jeune informaticien français qui effectuait
son service civil au Cern, eurent à vaincre certaines réticences. “Se
connecter depuis nos laboratoires sur un réseau externe au Cern était en
fait interdit jusqu’en 1988-1989, rappelle M. Segal. Le Cern est plein de
types intelligents qui ont des bonnes idées. Celle-là n’en était qu’une de
plus”, poursuit-il.
Il fallut plus d’une année à Berners-Lee pour développer un navigateur
Internet. L’intéressé se souvient que quand ses acolytes et lui firent les
premières démonstrations, et que d’un simple clic sur un lien, une nouvelle
page apparaissait, les réactions se résumaient alors souvent à un Et alors
?”.
Une première implication planétaire
“Après, ça a vraiment démarré parce que les gens d’un bout à l’autre de la
planète, de simples gens, se sont impliqués”, raconte M. Berners-Lee.
“L’universalité, telle était la règle. Et ça a marché”, ajoute-t-il.
Le premier serveur hors d’Europe à être connecté à celui du Cern, en
Californie, le fut fin 1991. Puis en 1993, le Cern mit le navigateur dans le
domaine public.
Vingt ans après ses débuts, le Web n’a pas encore livré tout son potentiel,
juge M. Berners-Lee. “C’est juste la pointe de l’iceberg.” “. En octobre
1990, les hommes mettent au point le premier navigateur internet. La
similitude avec les navigateurs actuels est frappante. Et sur leur
ordinateur NeXT, l’équipe de génies démontre que même la conception de site
web, via leur logiciel est d’une simplicité redoutable. Ce sera dès 1991 que
ces technologies sont mises à disposition du grand public. Le Web décolle
grâce à l’idée du CERN de ne percevoir aucune royaltie sur son invention. Et
dès 1993 est créé, par l’Université de l’Illinois, Mosaic, le père de tous
les navigateurs actuels.
20 ans du Web : les 10 sites qui ont marqué la Toile
L’idée d’un système de partage des informations entre scientifiques basé sur
un maillage d’adresses. Aujourd’hui, la “Toile” compte plus de 200 millions
de sites, en brutale augmentation ces dernières années. Auxquels peuvent
accéder plus de 1,5 milliard de personnes dans le monde (données issues de
World Stat Internet).
Retour sur les 10 sites stars du Web
Incontestablement, la grande star du Net. Le célèbre moteur de recherche est
né le 15 septembre 1997, quand deux étudiants de l’Université de Stanford,
Larry Page et Sergey Brin, déposent le nom de domaine Google.com. Objectif
du site : organiser la masse d’informations sur Internet grâce à un système
d’indexation plus efficace que les moteurs de l’époque (AltaVista, Yahoo,
etc.).
Créé en février 2004 par Mark Zuckerberg, Facebook avait pour vocation de
mettre en relation les étudiants du campus de l’université de Harvard.
Depuis, le site s’est étendu au reste du monde et revendique plus de 175
millions de membres, sur chaque continent, même au Pôle Sud.
YouTube
YouTube est un site sur lequel les internautes peuvent envoyer, partager et
visualiser des vidéos. Créé en février 2005, il fut racheté deux ans plus
tard par Google. Véritable phénomène du Web, il accueille des centaines de
millions de clips amateurs ou officiels.
Flickr
C’est l’équivalent en photos de YouTube. Le site héberge une collection de
plus de 3 milliards de photos partagées par plus de 30 millions
d’internautes. Fondé en 2004, Flickr fut racheté l’année suivante par le
portail américain Yahoo.
Wikipedia
Lancé en 2001, Wikipédia est la première encyclopédie libre sur Internet.
Ses articles sont rédigés par des contributeurs bénévoles et peuvent évoluer
ou s’enrichir d’informations supplémentaires apportées par d’autres
internautes. A ce jour, plus de 12 millions d’articles ont été publiés dans
250 langues.
Yahoo!
Fondé en 1995, Yahoo! était à ses origines un annuaire sur Internet. Petit à
petit, le site s’est transformé en “portail Internet”, regroupant de
nombreux services gratuits et payants, dont un moteur de recherche, un fil
d’information, une messagerie électronique, une messagerie instantanée, une
plateforme de partage de photos (Flickr), etc. Aujourd’hui, 500 millions
d’internautes consultent chaque mois Yahoo!
eBay
Fondé en 1995, eBay est un site de ventes aux enchères entre particuliers.
Tout s’y vend, tout s’y achète, d’un vieux disque vinyle à la place d’un
concert en passant par la voiture que conduisit Obama avant d’être élu
président.
MySpace
A l’image de Facebook, MySpace est un site Internet de réseau social. Fondé
en 2003, il met l’accent sur la musique. Ses membres, qu’ils soient
musiciens ou non, peuvent créer leur propre espace web, publier des
articles, des photos, ainsi que des vidéos et des fichiers audio.
Amazon
C’est “LA” boutique du Web. Lancée en 1995, ce site propose à la vente des
milliers d’articles culturels et électroniques : livres, CD, DVD, appareils
photo numériques, jeux vidéo, etc. On y trouve également, selon les pays,
des vêtements, des jouets ou des accessoires autos. Le 15 décembre 2008,
Amazon a vendu 6,3 millions d’articles à travers le monde, soit 79,2
acquisitions par seconde.
Twitter est un site de réseau social qui permet à l’utilisateur de tenir un
micro-blog sur lequel il signal à son réseau ce qu’il est en train de faire
à travers de courts messages (les “tweets”). Le principal atout de ce
service gratuit créé en 2006 aux Etats-Unis est son interface de
programmation ouverte et simple d’utilisation. Selon la société HubSpot,
Twitter enregistre entre 5.000 et 10.000 nouveaux membres chaque jour.
L’avenir du WEB
Actuellement au
World Wide Web Consortium
(W3C) les recherches portent sur
le Web Sémantique. Celui-ci permettra à l’utilisateur de faire une recherche
en posant une question “naturellement”, et plus par mots clés. Le web
sémantique doit aussi permettre de retrouver des images, textes ou vidéos
sur une personne ou une société alors qu’ils ne sont pas liés entre eux. Et
ce, justement, garantit Tim Berners-Lee, en créant des garde-fous pour
éviter toute ingérence dans la vie privée des internautes.
Rolf Heuer, directeur général du CERN, a déclaré pour l’occasion : «L’année
2009 a été déclarée année de la créativité et de l’innovation par l’Union
européenne. Le 20ème anniversaire de la Toile permet de rappeler le puissant
rôle que la créativité joue dans la recherche fondamentale en tant que
moteur de l’innovation».
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