Les clignotants du secteur touristique en Tunisie, un des leviers de développement de l’économie nationale, le deuxième plus grand employeur après l’agriculture, étaient au vert cours des neuf premiers mois de 2008, avec des recettes records. Cependant, à l’instar des autres activités économiques à travers le monde, il ya fort à parier que le secteur touristique n’échappera pas au ralentissement économique, et d’autant plus que son marché traditionnel et le plus important, en l’occurrence l’Europe, est durement touché.
C’est dans ce cadre que l’Association tunisienne de développement touristique (Les Anciens du tourisme) a organisé le 18 mars une table ronde portant sur «la crise économique internationale et son impact sur le tourisme dans le monde et en Tunisie».
Même si le volet international de l’impact de la crise s’est volatilisé, absence inexpliquée par conférencier principal, M. Rachid Khleifi, enseignant chercheur à la Sorbonne, les experts tunisiens et les anciens du secteur n’ont pas raté l’occasion pour traiter de leurs préoccupations sur la morosité de l’économie internationale.
On n’est pas épargné !
Que l’on veuille ou pas, le tourisme en Tunisie ne sera pas épargné, tel est le constat de M. Ridha Gobaâ, expert consultant, qui a mis en exergue l’état actuel du secteur, caractérisé par le ralentissement enregistré au niveau des chantiers en cours et la construction de nouvelles unités hôtelières, conjuguée à une certaine réticence de la part des promoteurs tunisiens à investir dans le secteur et qui sont accablés par les rumeurs de la baisse du nombre de réservations.
Par ailleurs, les destinations concurrentes -Turquie et Maroc notamment- ont enregistré respectivement des baisses de 4% et 2% au niveau des nuitées…
L’impact de la crise est certain, selon M. Slaheddine Ben Mbarek, un homme de métier, qui a souligné que notre clientèle traditionnelle a subi le contre-coût de la crise, puisque celle-ci a lourdement affecté la demande intérieure des pays émetteurs, entraînement des licenciements et de réduction des salaires ayant contribué à la dépréciation du pouvoir d’achat du citoyen européen.
Il faut également noter que le tourisme intérieur demeure occulté par les investisseurs privés, malgré les efforts déployés par l’Etat… En outre, le marché maghrébin, qui a connu un essor évident ces dernières années, nécessite un recentrage de la politique actuelle vers un renforcement du tourisme de niche, en investissant massivement dans de nouveaux projets (tourisme médical par exemple).
D’autres facteurs exogènes et endogènes au secteur du tourisme en Tunisie se conjuguent pour imposer maintenant, et plus que jamais, de mener une réflexion sur les moyens à même d’atténuer les retombées de la crise actuelle.
Passer à la cinquième vitesse
Toutes les parties intervenantes du secteur se fixent l’objectif suivant: renforcer le partenariat privé-public afin de se prémunir contre les effets de la crise.
Dans la foulée, M. Ridha Gobaâ donne son approche qui consiste à repenser la politique actuelle de la part de l’offre touristique, et recommande entre autres, de :
– profiter de la situation actuelle pour encadrer la main-d’œuvre touristique, rehausser leurs qualifications et ce en profitant des mesures récentes préconisées par l’Etat en matière de formation professionnelle, à savoir l’avance sur la TFP ou encore les droits de tirage, des mesures permettant de préparer nos unités hôtelière à la post-crise;
– déployer plus d’efforts en matière de qualité, qui doit figurer dans le tableau de bord stratégique des institutions hôtelières au même titre que le profit, car il s’agit bien d’un investissement rentable à long terme;
– diversifier les produits touristiques et renforcer les marchés de niche, en particulier dans le tourisme médical, touristique et écologique;
– valoriser le tourisme intérieur et cesser de le considérer comme une roue de secours ayant un rôle de remplissage. C’est ainsi qu’il faut miser davantage sur le touriste tunisien par l’adoption des mesures incitatives et la mise en place des politique promotionnelles qui prend en compte son pouvoir d’achat.
– Ses efforts comprennent ceux de la promotion pour aider à améliorer la visibilité du secteur, avec une série de programmes de modernisation.
Il s’agit en fait des recommandations qui vont dans le sens de doter ce secteur des moyens nécessaires afin d’atténuer les effets de la crise économique. La Tunisie est loin d’être le seul marché du tourisme a être affecté par la crise financière. Après avoir connu un début d’année dynamique, les chiffres du tourisme mondial sont passés de 5,7% sur un an de croissance au cours des quatre premiers mois de 2008 à moins de 2% l’été 2008. Mais il y a du travail qui attend tous les acteurs (ministère, ONTT, unités hôtelières, tour-opérateurs, agences de voyages,…) pour dynamiser ce secteur et le réanimer face à un avenir qui semble de plus en plus sombre.