Après la polémique, le gouvernement menace d’une loi sur les stock-options

[23/03/2009 19:01:01] PARIS (AFP)

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ège de la Société Générale à Puteaux (Photo : Joël Saget)

Les critiques redoublent en France sur les stock-options après la polémique déclenchée par le plan d’octroi aux dirigeants de la Société Générale, le gouvernement s’interrogeant sur leur “pertinence” et n’excluant pas de recourir à la loi pour les encadrer.

Les quatre principaux dirigeants de la banque française ont renoncé complètement dimanche aux stock-options qui leur avaient été attribuées mercredi, dont 70.000 au président Daniel Bouton et 150.000 au directeur général Frédéric Oudéa.

Après cet épisode, le gouvernement s’interroge sur la “pertinence” du dispositif, qui permet à des cadres ou dirigeants d’acheter des actions à un cours avantageux en engrangeant des gains si le cours de Bourse a grimpé, sans perdre d’argent s’il a reculé.

“Quand les actions baissent (…), les salariés qui en ont reçues sont un peu floués” et “quand les actions montent extraordinairement, c’est une augmentation de la rémunération qui n’est pas toujours justifiée”, a souligné dimanche la ministre de l’Economie, Christine Lagarde.

Ces dernières années, “les augmentations des cours de Bourse avaient souvent peu de relations avec les performances réelles” de l’entreprise, a-t-elle encore estimé.

Un sentiment partagé par la présidente de l’Association de défense des actionnaires minoritaires (Adam), Colette Neuville, qui souhaite un débat sur les critères d’attribution des stock-options: “trop souvent ces critères sont pousse-au-crime car ils incitent les dirigeants à prendre des risques avec l’argent des autres”.

Selon elle, il faudrait “encourager les patrons à agir sur le long terme” et pouvoir “empêcher l’attribution d’une action à son cours le plus bas depuis dix ans, comme cela a été le cas pour la Société Générale”.

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à l’Assemblée nationale (Photo : Pierre Verdy)

La “dictature du cours de Bourse a pu pousser des dirigeants à prendre des décisions destinées à rassurer les marchés, comme des plans de licenciement, ou à privilégier la rentabilité au détriment des investissements”, juge aussi Sylvain Dhenin, vice-président de CTPartners, un cabinet de chasseurs de têtes de dirigeants.

Il prône d'”autres critères d’attribution que la performance boursière, comme la réduction de l’endettement ou l’augmentation du chiffre d’affaires”.

Pour examiner si cette forme de rémunération est “efficace et morale”, Christine Lagarde souhaite lancer une concertation avec les partenaires sociaux sur le sujet et n’exclut pas de légiférer. “Il faut changer la loi”, a aussi jugé dimanche le secrétaire général de l’UMP, Xavier Bertrand.

D’ores et déjà, le gouvernement a demandé au Medef de définir, d’ici à la fin du mois, un dispositif concret pour inciter les dirigeants d’entreprises qui licencient à renoncer à leurs bonus. Sa présidente, Laurence Parisot, a promis lundi une réponse “dans la semaine”.

Mais des voix s’élèvent aussi pour défendre le système. Le président d’Axa, Henri de Castries, a estimé qu’il n’était pas forcément “mauvais” pour l’entreprise.

“Ce n’est pas parce que quelques dirigeants ont cru qu’ils méritaient des sommes énormes pour leur talent (…) qu’il faut tout à coup supprimer cet outil, extrêmement utile pour intéresser les salariés à la croissance de l’entreprise”, a souligné de son côté le mouvement patronal Ethic.

“Les stock-options restent pertinentes pour des sociétés comme les start-up, qui n’ont pas les moyens de rémunérer leurs dirigeants avec des salaires”, concède pour sa part Colette Neuville.