En conflit avec ses actionnaires, le patron de Valeo est remercié

[23/03/2009 16:18:00] PARIS (AFP)

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à La Verrière (Photo : Eric Piermont)

Le PDG de l’équipementier automobile Valeo, Thierry Morin, en place depuis huit ans, a été remercié pour “divergences stratégiques” avec son conseil d’administration, son départ intervenant au moment où le groupe est frappé de plein fouet par la crise.

Le départ de Thierry Morin, décidé vendredi lors d’une réunion du conseil, traduit également la volonté des administrateurs de revoir la gouvernance du deuxième équipementier automobile français, en séparant les fonctions de directeur général et de président du conseil.

Un ancien directeur de la branche vitrage de Saint-Gobain, Jacques Aschenbroich, a été nommé directeur général et prendra ses fonctions le 20 mars. Pascal Colombani, directeur associé d?AT Kearney, assurera l’intérim de la présidence du conseil d’administration.

La stratégie du groupe devrait être réexaminée par la nouvelle direction en vue d’éventuels ajustements, estime-t-on de source proche du dossier. Le conseil d’administration a d’ailleurs mis en avant les “divergences stratégiques” avec Thierry Morin.

Le remaniement de la direction a été pris en concertation avec les principaux actionnaires, dont le fonds américain Pardus et le Fonds stratégique d’investissement (FSI) de l’Etat, récemment entré au capital de Valeo à hauteur de 2,3%, selon une source proche du dossier. La Caisse des Dépôts, qui contrôle le FSI, détient par ailleurs 6% du groupe.

Thierry Morin a recentré Valeo autour de trois grands domaines d’activités (aide à la conduite, efficacité de la propulsion, amélioration du confort) et lancé un programme de cessions, réalisé pour moitié, un rythme qui a pu être jugé insuffisant, selon une source proche du dossier.

Pardus, premier actionnaire avec près de 20%, avait à plusieurs reprises souhaité que Valeo se concentre davantage sur certains de ses métiers. Le fonds américain, qui a obtenu l’an dernier un siège au conseil d’administration, n’a pas souhaité commenter le départ du PDG.

Le FSI, qui n’est pas représenté au conseil de Valeo, mais a officiellement demandé à y entrer, a “pris acte” de la décision. Le FSI s’est dit “satisfait de la clarification” de l’arrivée d’un nouveau management et souligné qu’il est là “pour soutenir l’entreprise”.

Pour l’heure, la gestion de la crise restera la priorité de la nouvelle direction, avec en particulier la maîtrise des liquidités et la réduction des coûts, souligne-t-on chez Valeo.

L’équipementier a lancé en décembre un plan de réduction d’effectifs portant sur 5.000 postes, dont environ 1.600 en France. M. Morin avait récemment refusé de revenir sur ce plan.

Le conseil d’admnistration a confirmé ces mesures en jugeant que Thierry Morin avait su “prendre les décisions opportunes” face à la crise.

Valeo a enregistré en 2008 une perte nette de 207 millions d’euros, après un plongeon de 27% de son chiffre d’affaires au quatrième trimestre. Pour 2009, le groupe table encore sur une chute de la production automobile mondiale de 20%.

Entré chez Valeo il y a vingt ans, président depuis huit ans, forte personnalité, M. Morin incarnait Valeo, mais s’était aussi attiré des critiques.

A la mi-février, le conseil d’administration avait nettement réduit sa rémunération fixe, ramenée à 1,1 million contre plus de 1,5 million perçu en 2007.

Le nouveau directeur général, Jacques Aschenbroich, né en 1954, a été membre du cabinet du Premier ministre, Jacques Chirac, en 1987 et 1988, puis a travaillé chez Saint-Gobain jusqu’en décembre 2008.