Un verre de lait (Photo : Mychele Daniau) |
[23/03/2009 11:45:47] BRUXELLES (AFP) L’effondrement des prix du lait, à l’origine d’une vive inquiétude en Europe de l’Est mais aussi en Allemagne ou en France, a rouvert la controverse au sein de l’UE sur le bien-fondé du relèvement et de la suppression prévus des quotas de production.
En novembre 2008, les pays européens avaient décidé de relever progressivement chaque année de 1% ces quotas, mis en place en 1984 pour lutter contre la surproduction et soutenir les prix, avant leur suppression prévue à l’horizon 2014/2015.
Mais lundi, à l’occasion d’une réunion des ministres de l’Agriculture à Bruxelles, plusieurs pays, dont la France et l’Allemagne, ont demandé qu’on rediscute de l’opportunité de ces mesures, compte tenu de la chute des prix laitiers, qui ont perdu quelque 50% en moyenne depuis leur pic de l’automne 2007.
Le ministre français Michel Barnier a demandé lundi qu’on avance à “très tôt en 2010” une clause de rendez-vous prévue dans le courant de l’année prochaine pour réexaminer la situation. Une autre est programmée en 2012.
Il s’agit de “rendez-vous pour poser toutes les questions, sans tabous, et même la question principale de savoir s’il faudra en 2014 effectivement supprimer les quotas laitiers”, a prévenu M. Barnier à son arrivée à Bruxelles.
“Moi je me pose des questions et si ça ne tenait qu’à moi, on maintiendrait les quotas laitiers d’une manière ou d’une autre” car “il y a des raisons de faire très attention de ne pas augmenter la surproduction laitière actuellement”, a-t-il ajouté.
Cinq autres pays, l’Allemagne, l’Autriche, la Hongrie, la Slovaquie et la Slovénie ont demandé, eux, dans un texte commun que la discussion sur le secteur laitier soit avancée dès cette année.
“En particulier, l’augmentation graduelle des quotas doit être de nouveau réexaminée et, si nécessaire, retardée”, soulignent-ils.
Actuellement, a dit aux journalistes la ministre allemande Ilse Aigner, même les grandes exploitations laitières en Allemagne “ne peuvent plus vivre” avec un prix qui descend jusqu’à 20 centimes le litre, alors que les professionnels affirment perdre de l’argent en dessous de 40 centimes.
La fédération allemande des producteurs de lait (BDM) n’a pas exclu récemment de nouvelles “grèves du lait”, après des mouvements similaires l’an dernier.
La grogne enfle aussi en Europe de l’Est. Environ 8.000 agriculteurs tchèques, slovaques, hongrois, lituaniens et allemands ont manifesté le 12 mars à Prague. Des actions de protestations ont également eu lieu en Grèce, Bulgarie ou Lettonie.
Toutefois, la Commission européenne a refusé lundi de remettre en cause la hausse des quotas.
L’exécutif européen estime avoir fait suffisamment pour le secteur laitier en décidant plusieurs mesures de soutien ciblées depuis le début de l’année (réintroduction des aides à l’exportation, au stockage privé du beurre, prix d’intervention).
Pour lui, le fait que les prix baissent aujourd’hui malgré l’existence des quotas est la preuve que leur maintien n’est pas la solution à terme. Les agriculteurs européens vont devoir s’adapter à l’évolution de l’offre, avertit-il.
“Je ne suis pas prête à discuter d’une réorientation complète de la politique laitière de l’UE, comme le demandent certains d’entre vous”, a lancé lundi aux ministres la commissaire à l’Agriculture, Mariann Fischer Boel, selon le texte de son intervention.
Elle peut compter sur le soutien de la présidence tchèque de l’UE. “Il n’y a pas la moindre chance que les pays (de l’UE) acceptent de rouvrir” le dossier des quotas, a dit lundi son ministre de l’Agriculture, Petr Gandalovic.