USA : le Trésor dévoile son plan de rachat des actifs invendables des banques

[23/03/2009 20:34:41] WASHINGTON (AFP)

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à Washington (Photo : Mandel Ngan)

Le Trésor américain a dévoilé lundi les modalités de son plan de rachat des actifs “toxiques” des banques, attendu impatiemment par les marchés qui y voient la clef d’un assainissement durable d’un système financier au bord de l’effondrement il y a quelques mois.

Le secrétaire au Trésor Timothy Geithner a indiqué que cette tâche reviendrait à deux mécanismes associant l’Etat aux investisseurs privés, l’un pour les prêts, l’autre pour des titres adossés à des actifs immobiliers.

Comme annoncé en février, ce Programme d’investissement public-privé (PPIP) sera alimenté par 75 à 100 milliards de dollars ponctionnés sur l’enveloppe de 700 milliards mise à la disposition du Trésor à l’automne.

Avec l’apport des investisseurs privés, ces fonds pourront permettre de mobiliser 500 milliards de dollars, et, si nécessaire, jusqu’à 1.000 milliards, afin d’acheter les actifs hérités de la bulle immobilière.

Le président Barack Obama s’est dit “très confiant” dans l’effet de ce plan pour rouvrir le robinet du crédit.

L’administration Bush avait déjà envisagé un plan similaire avant d’avandonner devant la complexité de sa mise en oeuvre, notamment pour ce qui concerne la détermination du prix des actifs vendus.

Il faut en effet que les prix soient bas pour attirer les investisseurs, mais pas trop élevés pour éviter des pertes au contribuable. Il faut aussi qu’ils soient suffisamment hauts pour que les banques acceptent de vendre.

Selon le ministre, investisseurs privés et publics se partageront les risques: les premiers peuvent perdre leur mise en cas de dégradation de la conjoncture et les seconds pourront dégager des plus-values en cas de réussite.

“Il n’y a aucun doute sur le fait que l’Etat prend des risques. On ne peut pas résoudre une crise financière sans que l’Etat assume des risques”, a reconnu M. Geithner à la presse.

Le Trésor est resté fidèle à son idée de base selon laquelle les titres immobiliers invendables accumulés par les banques à la faveur de la bulle immobilière ont encore une valeur intrinsèque forte, et que c’est la crise du crédit qui empêche l’échange de ces titres.

Pour les prêts douteux, la Commission fédérale d’assurance des dépôts bancaires (FDIC) apportera une garantie ainsi qu’une aide au financement aux investisseurs souhaitant racheter les créances à risque par un système d’enchères au plus offrant.

Pour les titres adossés à des actifs immobiliers, les investisseurs pourront solliciter la facilité d’aide au crédit à la consommation (TALF) récemment lancée par la Réserve fédérale pour obtenir la plus grosse partie du financement nécessaire à ces achats.

Le Trésor va s’associer à des gestionnaires de fonds privés pour le rachat et la gestion de ces titres et pourra fournir un financement supplémentaire. Dans les cas extrêmes, l’investissement des pouvoirs publics pourra être le triple du montant apporté par l’investisseur.

Les marchés ont accueilli ce plan avec enthousiasme: à Wall Street, l’indice Dow Jones gagnait 4,06% à la mi-journée.

Sceptique depuis le départ, le lauréat du prix Nobel d’économie 2008 Paul Krugman, estime que le plan du Trésor repose toujours sur l’idée que les actifs en question “valent vraiment beaucoup plus que ce que quiconque est prêt aujourd’hui à payer pour eux”.

Pour lui, le schéma retenu fait que le gouvernement assume beaucoup plus de risques qu’il ne veut bien l’avouer.