Le parachute doré octroyé à l’ex-Pdg de Valeo déclenche un nouveau tollé

[24/03/2009 22:24:59] PARIS, 24 mars 2009 (AFP)

Le “parachute doré” de 3,26 millions d’euros octroyé à l’ex-Pdg de l’équipementier automobile en difficultés Valeo, Thierry Morin, a déclenché une nouvelle polémique sur la rémunération des dirigeants, gouvernement et patronat exigeant la restitution de cette indemnité.

M. Morin, qui a démissionné vendredi en raison de divergences avec ses actionnaires, a obtenu lundi une indemnité de 3,26 millions d’euros correspondant à deux ans de rémunérations calculées sur la moyenne des trois derniers exercices, a indiqué mardi Valeo.

L’ancien patron de Valeo, qui affichait 20 ans d’ancienneté, aurait dû toucher seulement 70% des indemnités prévues, n’ayant atteint que trois des cinq critères de performance fixés par le conseil d’administration.

Mais le conseil lui a octroyé 100% de la somme prévue, estimant que la perte de 2008 résultait du plan de restructuration mis en place et jugé “absolument nécessaire pour positionner Valeo au mieux pour affronter la crise”, a dit son président Pascal Colombani, cité dans un communiqué.

M. Morin touchera aussi une “retraite chapeau” lui assurant une rente d’un maximum de 55% de son salaire de fin de carrière, à condition qu’il ne travaille pour aucune autre société d’ici ses 65 ans en 2017, selon le document de référence 2008 du groupe.

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à Paris (Photo : Martin Bureau)

Thierry Morin a quitté une entreprise en difficultés avec 207 millions d’euros de pertes en 2008 et 5.000 suppressions d’emplois en cours, dont 1.600 en France.

Après le tollé suscité par l’octroi de stock-options aux dirigeants de la Société Générale, qui y ont renoncé, ce nouvel épisode dans la fixation des rémunérations des dirigeants a également suscité la polémique.

“Qu’un dirigeant qui a mis son entreprise en difficulté puisse partir avec un parachute doré, ce n’est pas responsable, ce n’est pas honnête”, a lancé Nicolas Sarkozy mardi lors d’une réunion publique à Qaint-Quentin.

“L’Etat est “opposé” au versement d’une prime de départ, a affirmé le Premier ministre François Fillon à Washington, estimant que ceux qui ne font pas “preuve de responsabilité mettent en péril l’ensemble de notre système économique et social”.

Auparavant, le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, avait annoncé que l’Etat voterait contre ce “parachute doré” lors de l’assemblée générale du groupe.

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à Paris (Photo : Mehdi Fedouach)

L’Etat est actionnaire à 8% de Valeo, via le Fonds stratégique d’investissement (FSI) et la Caisse des dépôts. Le FSI a versé 19 millions d’euros en février pour prendre 2,35% du capital du groupe.

Du côté des salariés, la CGT a fait part de “la colère” et d'”un sentiment d’injustice” parmi le personnel, la CFDT stigmatisant “un pillage de l’entreprise”.

La présidente du Medef, Laurence Parisot, a demandé à M. Morin “de renoncer immédiatement” à ses indemnités.

Colette Neuville, présidente de l’association de défense des actionnaires minoritaires (Adam), a épinglé “la grosse responsabilité du conseil d’administration” dans cette affaire.

Selon une source proche du dossier, le conseil avait sondé le ministère de l’Economie sur les conséquences politiques de cette indemnité.

“Bercy n’a pas à donner son accord et n’avait pas à le faire. Nous avons eu des échanges informels avec le conseil d’administration et j’ai mis en garde contre l’exploitation médiatique” de cette affaire, a dit à l’AFP Stéphane Richard, directeur de cabinet de la ministre de l’Economie, Christine Lagarde.