Cours de philo ou de médecine, les prochains tubes d’iTunes?

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Un iPod nano (Photo : Joël Saget)

[22/03/2009 09:27:28] NICE (AFP) Un iPod où un cours sur la pensée aristotelicienne ferait de la concurrence au dernier tube de U2 ne relève plus de la science-fiction depuis la mise à disposition sur la plate-forme iTunes University d’Apple des cours de l’université de Nice Sophia Antipolis.

Nice et l’université parisienne René Descartes ont fait leur entrée mi-janvier sur le catalogue universitaire d’iTunes, seules universités françaises représentées aux côtés des enseignements du prestigieux MIT de Boston, de la californienne Berkeley et de plus 150 établissements essentiellement anglophones.

Le principe est le même que pour la bibliothèque musicale du célèbre logiciel d’Apple à la différence que le catalogue de cours offerts à l’écoute et au téléchargement est gratuit et que les “hits” du moment s’appellent: “L’écologie, ce matérialisme historique” ou “Bacon et le colonialisme”.

Choisie pour rejoindre le projet en raison de son expérience en matière d’enseignement par le web, Nice Sophia Antipolis (28.000 étudiants) y voit l’occasion d’élargir l’audience de ses contenus numériques, y compris auprès de ses propres étudiants, grâce à la puissance de l’outil iTunes.

“Contrairement à d’autres établissements qui font le choix de tout mettre sur la plate-forme, nous sélectionnons en privilégiant les conférences sur la culture scientifique, des modules sur la vie étudiante et des échantillons de cours pouvant intéresser un large public”, explique Christophe Bansart, responsable des technologies, qui voit dans ces offres autant de “produits d’appel” pour l’université.

Depuis leur apparition sur la plate-forme, les 188 vidéos de Nice Sophia Antipolis ont été vues ou téléchargées près de 30.000 fois et 600 abonnements ont comptabilisés.

La fourniture de contenus s’effectue sur la base du volontariat, émanant généralement d’enseignants qui avaient pris l’habitude de mettre leurs cours en ligne. Enseignant en philosophie des sciences, Jean-Luc Gautero, 51 ans, apprécie le matériel “très léger” constitué d’un iPod et d’un micro qui lui permet d’enregistrer le contenu de son cours magistral au moment où il le profère.

Pascal Staccini, qui enseigne à la faculté de médecine, a le choix entre une salle équipée d’un studio d’enregistrement animé par un régisseur et un tableau numérique interactif qui enregistre son cours et ses annotations.

Précurseur de l’enseignement numérique, Pascal Staccini y voit un outil pédagogique très utile “aux étudiants présents en cours: ils peuvent le préparer à l’avance, si je mets des éléments sur le web, être moins contraints par la prise de notes, c’est à dire plus actif en cours. Les étudiants absents, à une époque où beaucoup travaillent, peuvent rattraper facilement”.

Jean-Luc Gautero a eu le témoignage d’étudiants étrangers ne maîtrisant pas parfaitement le français et heureux de pouvoir réécouter son cours. Il ne cache pas son plaisir d’avoir reçu un mail d’un retraité lyonnais adepte de ses leçons de philosophie.

Si les participants au projet iTunes n’y voient aucune remise en question du “rôle central” de l’enseignant, Jean-Luc Gautero n’émet qu’une crainte: “Qu’on nous dise +puisque vos enseignements sont enregistrés, consacrez vos heures à faire autre chose+”.

Engagé dans le mouvement universitaire contre les réformes gouvernementales, il a d’ailleur cessé, depuis début février, ses contributions en ligne.