èque Mirek Topolanek au Parlement européen à Strasbourg le 25 mars 2009 (Photo : Frederick Florin) |
[25/03/2009 19:39:00] STRASBOURG (AFP) La présidence tchèque de l’UE a jugé mercredi que les centaines de milliards dépensés par les Etats-Unis face à la crise risquaient de conduire “à l’enfer”, avant de tenter sans succès de minimiser ses critiques qui frôlent l’incident diplomatique.
Cette sortie tombe en effet au plus mal: peu avant la tenue du sommet mondial du G20 de Londres le 2 avril, où Européens et Américains veulent tenter de trouver un terrain d’entente sur la manière d’agir face à la récession et pour réformer le secteur financier.
L’accumulation de mesures prises par les responsables américains constituent “une voie vers l’enfer” et “une mauvaise voie”, a déclaré le Premier ministre tchèque Mirek Topolanek, qui assure la présidence tournante de l’Union européenne, devant le Parlement européen à Strasbourg.
Il entendait ainsi marquer son désaccord avec la politique de relance trop dispendieuse à ses yeux des Etats-Unis, tant pour la relance budgétaire que pour les centaines de milliards de dollars déboursés pour aider les banques.
Considéré dans son pays pays comme un ultra-libéral sur le plan économique, M. Topolanek est de longue date un adversaire de l’intervention de l’Etat dans l’économie.
Après sa sortie, son entourage s’est efforcé au Parlement européen de minimiser la portée de ses propos. Son vice-premier ministre chargé des Affaires européennes, Alexandr Vondra, a même affirmé lors d’une conférence de presse qu’il n’avait parlé d'”enfer” pour qualifier la politique américaine.
“J’étais là et j’ai écouté son discours et il n’a jamais parlé d’enfer”, a-t-il assuré.
Les traductions offertes par les services du Parlement européen étaient il est vrai contradictoires. La version en anglais parlait bien d'”enfer”, la version française de “mauvaise voie”, tandis que les porte-parole de la présidence tchèque ont affirmé que le chef du gouvernement avait évoqué une politique américaine conduisant à “la ruine”.
Mais vérification faite, la version originale en tchèque parle bien d'”enfer” pour qualifier le chemin emprunté par les autorités américaines.
Cette critique fort peu diplomatique survient alors que M. Topolanek est fragilisé dans son pays par la chute programmée de son gouvernement, victime mardi d’un vote de défiance des députés. Et qu’il doit accueillir début avril un sommet UE/Etats-Unis à Prague.
Timothy Geithner, le secrétaire au Trésor américain, “a évoqué une campagne de stimuli aux Etats-Unis. Mais je ne crois pas qu’une solution permanente (de mesures en ce sens) soit vraiment la solution”, a encore jugé M. Topolanek à Strasbourg.
Le récent sommet des dirigeants européens la semaine dernière “a refusé de s’engager sur cette voie, et c’est un des succès” de la réunion, a-t-il insisté, en référence à la décision de l’UE de refuser dans l’immédiat un effort de relance budgétaire supplémentaire.
“Les Etats-Unis vont avoir besoin de liquidités pour financer leurs stimuli sociaux, et ils les auront facilement, parce qu’il y a toujours quelqu’un qui achètera des obligations américaines”, a-t-il encore déclaré.
“Est-ce que cela va rétablir la stabilité des marchés?”, a encore demandé M. Topolanek, dubitatif.