à Washington, le 15 septembre 2008 (Photo : Nicholas Kamm) |
[25/03/2009 19:44:19] NEW YORK (AFP) Plusieurs banques américaines recapitalisées sur fonds publics affichent leur intention de rembourser l’Etat au plus vite, au risque de fragiliser leur santé financière et celle d’autres établissements moins à même d’en faire autant.
Le PDG de Bank of America, Kenneth Lewis, a annoncé mercredi qu’il rembourserait entre avril et la fin de l’année les 45 milliards de dollars que sa banque a reçus de l’Etat.
La banque d’affaires Goldman Sachs, la banque généraliste Wells Fargo, et les banques régionales Iberiabank, TCF Financial et Sun Bancorp sont également dans les mêmes dispositions d’esprit, excédées par les contraintes ajoutées par l’Etat au fil des mois en contrepartie de ces aides.
Mais les opinions sont partagées sur la faisabilité d’un tel remboursement, surtout en ce qui concerne Bank of America.
Campbell Harvey, professeur à l’Université Duke, ne juge “pas réaliste” que Bank of America puisse rembourser ces fonds, même s’il ne doute pas de la volonté de M. Lewis de se libérer de la tutelle de l’Etat.
Au dernier trimestre 2008, la banque a publié ses premières pertes en 17 ans (1,7 milliard de dollars) et ses prévisions optimistes pour 2009 (un bénéfice de 50 milliards) laissent perplexe en raison de leur flou (le chiffre s’entend avant provisions et impôts).
“Peut-être que (M. Lewis) veut pousser un peu plus la hausse du titre”, spécule M. Harvey.
Mais chez Meeschaert New York, l’analyste Gregori Volokhine juge “crédible” l’intention affichée par M. Lewis, remarquant que la “reprise de l’emprunt est rentable pour les banques”.
“La grande question, c?est ce fameux +test de résistance+” que veut imposer l’Etat aux principales banques du pays pour déterminer leur capacité à résister à une dégradation de la conjoncture, relève l’analyste.
Goldman Sachs, avec plus de 15% de fonds propres fin 2008, devrait sortir du test haut la main.
Interrogé par l’AFP, un de ses porte-parole s’est borné à rappeler que l’établissement souhaitait rembourser au plus vite. Aucune décision ne sera toutefois prise “sans l’approbation des régulateurs”, a-t-il ajouté.
De fait, les conséquences sont potentiellement lourdes pour le système bancaire et les autorités pourraient vouloir freiner le mouvement.
Les résultats du test, suivi d’un mouvement de grande ampleur des plus solides pour rembourser l’Etat, pourraient fragiliser encore les banques les plus mal en point.
Le groupe bancaire Citigroup, qui au-delà des 45 milliards de dollars reçus a dû accepter une montée de l’Etat à son capital pouvant aller jusqu’à 36%, est parmi ceux qui n’ont pas claironné leur intention de rembourser au plus vite.
En tout état de cause, estime M. Volokhine, “si on a quelques banques leaders aux Etats-Unis qui n?ont plus besoin d?aide, le positif est plus important que le négatif. Pour lui, il est en effet naturel d’avoir “un système bancaire à deux vitesses”.
A l’automne, le secrétaire au Trésor de l’époque Henry Paulson avait insisté pour que le maximum d’établissements participent au programme, précisément dans le but d’éviter de stigmatiser ceux pour qui ces fonds représentaient un besoin urgent.
Pour M. Harvey, rembourser avant que la reprise ne se concrétise serait “contreproductif”. “Cela retirerait de l’argent du système (bancaire) au moment où il est le plus nécessaire” pour permettre aux banques de prêter, souligne-t-il.
“Est-ce que je veux que les banques remboursent? Oui, mais il faut qu’on soit d’abord sortis d’affaire”, conclut-il.