400 Tunisiens travaillent dans la compagnie aérienne «Emirates Airlines». 400 sur les 10.000 personnes qu’emploie la compagnie.
Est-ce beaucoup ou pas assez ? La langue anglaise serait le premier handicap à
de nombreuses opportunités professionnelles dans les pays du golfe. Beaucoup de
jeunes tunisiens s’en mordent les doigts, au lieu de s’inscrire à des cours
intensifs en langue anglaise. Au delà de l’anecdote, Emirates Airlines est-elle
un modèle de réussite ? Quel impact a la crise sur cette compagnie qui aiguise
tous les appétits et qui fait miroiter à d’autres pays, une voie de
développement ambitieux.
Les
rumeurs nombreuses et contradictoires circulent à son sujet. Dubaï pourra-t-
elle mener à terme son ambitieux projet de hub mondial et de locomotive pour
toute la région ? Si l’Egypte est un don du Nil, Dubaï est un hommage à la
compagnie aérienne «Emirates Airlines». Le développement de la compagnie
est indissociable de celui de Dubaï. Depuis 2002, la compagnie a doublé son
parc d’aéronefs et a presque triplé son chiffre d’affaires pour s’installer
à la neuvième place mondiale dans la hiérarchie des compagnies. Selon IATA, Emirates a traité en 2005 environ 14 millions de passagers. L’aéroport
a
accueilli 37,44 millions de passagers en 2008, enregistrant une hausse de
+9% par rapport à 2007. Emirates dessert plus de 100 destinations de par le
monde. Son volume d’affaires en 2008 a été de10, 8 milliards de dollars et
un profit de 1,37 milliard de dollars. Selon les chiffres de Airports Council
International (ACI), l’aéroport de Dubaï a été le seul parmi les 10
principaux aéroports internationaux (classés selon le nombre de passagers) à
enregistrer un résultat positif au cours du dernier trimestre 2008 avec
+10,.5 % en octobre, + 6,6 % en novembre et +4,8 % en décembre par rapport
aux mêmes périodes en 2007.
Les chiffres du premier trimestre 2009 sont encore indisponibles. L’impact
de la crise rend les plus sceptiques encore plus dubitatifs. L’arrivée en
force d’«Etihad Airways», la compagnie lancée en 2003 d’Abu Dhabi, qui s’est
vue décerner de nombreux prix en un temps record et qui vient se greffer à
de sérieux compétiteurs, avec notamment Qatar Airways et Gulf Air. Les
ambitions pour 2012 sont de transporter 40 millions de passagers par an. Il
convient d’observer la situation afin de mesurer l’impact de la crise sur
ces ambitions.
Il faut garder en tête que les nombreuses années de profits interrompus
pèseront dans la balance. Là où d’autres compagnies avancent sur une corde
raide, Emirates aurait, dit-on, de la marge. En attendant, la compagnie est
en passe de devenir la première compagnie avec le plus grand nombre de gros
porteurs. Elle est d’ores et déjà le plus gros client d’A380. 58 sont
confirmés à ce jour, bien que le lancement de l’A380 ait connu de nombreux
retards. Dans les milieux autorisés, on parle timidement d’un report de
livraison de plusieurs appareils. Le sujet est sensible, d’autant plus
sensible à cause de la crise, mais pas seulement, d’autres regards se posent
du côté de la concurrence qui arrive avec ses grands sabots.
La montée en puissance de nouvelles compagnies conscientes des enjeux
gigantesques et qui sont prêtes à mettre le prix pour que le soleil de
l’aérien rayonne sur leur développement, est de plus en plus importante. La
stratégie offensive d’Emirates Airlines a ouvert grande la voie à une guerre
sans scrupules. Désormais, Emirates n’est plus la seule à se dresser comme un
challenger face aux ténors occidentaux. En utilisant le développement de
Dubaï et de son hub, Emirates tente habilement à réorienter les flux
mondiaux de passagers à son profit, en jouant de sa position de pivot entre
l’Afrique et l’Asie et l’Asie et l’Europe. Elle y a réussi. D’autres tentent
de l’imiter.
En attendant, le terminal n°3 atteindra sa performance avec 70 millions de
voyageurs par an. Bientôt un nouvel aéroport viendra compléter un produit
hors normes. L’ensemble vise à atteindre les 120 millions de voyageurs par
an. Il est à noter que le 1er aéroport mondial demeure Atlanta qui accueille
90 millions de visiteurs et plus de 12 millions de tonnes de fret. Dubaï a
vu son trafic aéroportuaire augmenter de plus de 300% entre 1997 et 2006!
Seize terminaux cargo sont érigés au sud de l’aéroport Al Maktoum pour gérer
le passage de douze millions de tonnes de fret. Que l’arbre ne cache pas la
forêt, un autre concept se dresse au cœur de la machine Dubaïote: La Dubaï
Logictics City (DLC). La DLC est une ville de 25 km² dédiée aux activités
logistiques. Elle rassemble tous les moyens de transports existants. C’est
le port en eau profonde de Jebel Ali, qui se dresse en carte maîtresse.
Lorsque l’ensemble sera pleinement opérationnel, la connexion air-mer pourra
se faire en moins de quatre heures, ce qui ne sera possible nulle part
ailleurs!
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