Protectionnisme : l’OMC constate un “glissement significatif” depuis janvier

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énéral de l’OMC Pascal Lamy, le 26 mars 2009 à Bruxelles (Photo : John Thys)

[26/03/2009 15:33:50] GENÈVE (AFP) L’Organisation mondiale du commerce (OMC) a constaté un “glissement significatif” vers des mesures protectionnistes depuis janvier parmi ses 153 pays membres, à travers notamment les plans de relance économique, dans un rapport diffusé jeudi et dont l’AFP a obtenu une copie.

Depuis janvier, “il y a eu un glissement significatif. Il y a eu une augmentation des droits de douane, de nouvelles mesures non-tarifaires et plus de recours à des mesures défensives telles que l’anti-dumping” qui constituent des entraves au libre-échange, explique l’OMC dans son deuxième rapport sur les politiques commerciales de ses membres qui sera mis sur la table lors du sommet du G20 le 2 avril à Londres.

L’Organisation, qui joue le rôle de gendarme du commerce mondial, s’inquiète particulièrement de l’impact des plans de relance économique préparés par certaines grandes économies mondiales.

“Les plans de relance financiers et fiscaux ont été introduits pour lutter contre la crise et vont dans le sens d’un retour à la croissance du commerce mondial (…) mais certains d’entre eux comportent des éléments — telles que les aides d’Etat et autres subventions — qui favorisent les produits et services nationaux aux dépens des importations”, explique-t-elle.

Parmi les aides d’Etat, l’OMC cite notamment les aides aux secteurs de l’acier et de l’automobile. Les Etat-Unis et certains pays de l’Union européenne dont la France ont été pointés du doigt par leurs concurrents pour des programmes de plusieurs milliards d’euros favorisant les producteurs locaux aux détriments des exportateurs.

Fin janvier, le premier “monitoring” de l’OMC avait conclu que les Etats avaient globalement respecté les règles commerciales internationales.

Cette fois, l’OMC reconnaît que les pressions se font de plus en plus pressantes sur les gouvernements pour protéger marchés et emploi à mesure que le climat économique général se détériore.

Même si la situation ne diffère pas trop des crises économiques précédentes et qu’un “protectionnisme très intense” n’est pas envisagé actuellement, l’organisation s’inquiète toutefois des conséquences pour le commerce mondiale de la tendance au repli.

Les dernières prévisions de l’organisation sont déjà sombres. Selon elles, le commerce mondial devrait chuter de 9% en volume cette année, le plus fort recul depuis la deuxième guerre mondiale.

Beaucoup de mesures qui limitent les échanges “ont été prises récemment ou sont encore en cours de mise en place ce qui fait que leurs effets ne sont pas encore clair”, relève-t-elle encore, dressant la liste de toutes les mesures dont elle a eu connaissance.

Le rapport est de fait basé sur des informations de presse ainsi que les éléments fournis par les Etats-membres. Il ne donne pas lieu à des sanctions, l’OMC n’étant juge que dans des cas de plainte officielle.

Mais il sert de pression de fait, s’ajoutant à celle des pays les uns envers les autres, qui ont pu conduire, souligne l’OMC aux retro-pédalages de plusieurs gouvernements, dont le Brésil et les Etats-Unis.

Il devrait également servir à alimenter les appels du G20 à lutter contre le protectionnisme jugé contre-productif à long terme contre la crise.