à Paris le 26 mars 2009 (Photo : Boris Horvat) |
[26/03/2009 22:04:33] PARIS (AFP) Dominique Strauss-Kahn, directeur général du FMI, s’est posé jeudi soir en pédagogue de la crise, et a prôné les valeurs socialistes, estimant que c’est “une victoire idéologique de la social-démocratie qui est en train de se passer aujourd’hui”.
Invité pendant plus d’une heure trente de l’émission “A Vous de juger” sur France 2, l’ancien ministre socialiste a balayé d’emblée la “rumeur” selon laquelle il pourrait devenir le Premier ministre de Nicolas Sarkozy : “J’ai entendu cette rumeur, ce n’est pas sérieux, on ne sortira pas de la crise par la combinaison politique. On sort de la crise en mettant en oeuvre des politiques”.
Celui qui dirige la prestigieuse institution internationale depuis septembre 2007 a assuré: “moi j’exerce mon mandat, je le fais au FMI, j’essaie de le faire du mieux que je peux”. “Je joue mon rôle. Que les autres jouent le leur”.
Alors que sa venue sur le plateau d’une émission politique phare avait ravivé des spéculations sur son retour dans l’arène politique, DSK a soigneusement évité de répondre aux questions sur son avenir politique en France. Quand Arlette Chabot lui demande si “c’est agréable de voir qu’on ne vous oublie pas et qu’on réfléchit toujours à votre destin”, il répond laconiquement: “Peut-être à ma place”.
Devant une question insistante sur l’opportunité du bouclier fiscal en France, M. Strauss-Kahn réplique: “Vous avez raison d’essayer, vous n’y arriverez pas!”.
En revanche, le patron du FMI a revendiqué son identité socialiste “évidemment, comme avant”. Et d’ailleurs, selon lui, “c’est une crise des valeurs dans laquelle on est”, “une crise de l’avidité”, “une crise de la dérégulation”.
Il faut “retrouver des valeurs de solidarité, des valeurs social-démocrates, des valeurs socialistes. C’est une victoire idéologique de la social démocratie qui est en train de se passer aujourd’hui”, a-t-il commenté.
“On ne sortira pas de la crise pour revenir à ce qu’il y avait avant”. “Il y a tout un modèle de développement différent qui est en train d’émerger, plus environnemental, plus soucieux du cadre de vie, plus moral, refusant tout ce qui tourne autour de l’argent-roi”. “Dans une certaine mesure, c’est pourquoi je lutte depuis 40 ans”, a-t-il martelé.
Sur les stock-options il se montre intransigeant: “Il faut changer cela. Cela ne peut pas durer”, “quand tout va mal, ça ne peut pas aller mal seulement pour les uns et pas aller mal pour les autres”, a-t-il estimé. Quant aux salariés de l’usine de pneus Continental de Clairoix (Oise), qui va fermer, ils ont été “trompés”, a-t-il affirmé.
Interrogé sur la popularité d’Olivier Besancenot, M. Strauss-Kahn réplique sèchement qu'”il n’apporte pas l’ombre du début d’une vraie solution”, alors que les altermondialistes, selon lui, mettent “le doigt sur de vrais sujets”, mais pour “changer de système il faut prendre des responsabilités politiques”, “il faut du courage politique”.
M. Strauss-Kahn prévoit un retour à la croissance mondiale à partir “du 1er semestre 2010”, à condition de mettre en place “les bonnes politiques” et notamment d’assainir le système bancaire.
Mais “si la sortie de crise, c’est rattraper ce qu’on est en train de perdre alors ce sera plutôt deux ou trois ans”, a-t-il averti.