Les syndicats européens craignent 8 millions de chômeurs en plus en 2009

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à une employée dans une agence Pôle emploi, le 25 mars 2009 à Paris (Photo : Pierre Verdy)

[27/03/2009 15:08:16] BRUXELLES (AFP) Les syndicats européens redoutent jusqu’à 8 millions de chômeurs supplémentaires dans l’UE en 2009 et ont préconisé vendredi pour y faire face un plan extraordinaire de réduction du temps de travail, financé en partie sur des fonds européens.

La Commission européenne mise elle sur la suppression de 3,5 millions d’emplois en 2009 et l’organisation patronale européenne BusinessEurope parle de 4,5 millions de sans emplois supplémentaires. Mais la Confédération européenne des syndicats (CES) va plus loin.

“Nos prévisions sont plus pessimistes”, a dit vendredi à la presse son secrétaire confédéral Walter Cerfeda. Selon lui, “le chômage se situera au-delà de 11% cette année, avec 7-8 millions de salariés mis au chômage”.

“Le social va payer la facture de la crise, car lorsqu’il y a anorexie économique il y a obésité du chômage”, a prévenu M. Cerfeda, à la veille d’une grande marche altermondialiste à Londres, avant le sommet du G20 du 2 avril.

Le responsable syndical a rappelé au passage que la fragilisation du marché de l’emploi était intervenue bien avant la crise. En 2003, 63 millions de travailleurs avaient un statut qualifié de “précaire”. Fin 2008, 124 millions d’Européens rentraient dans cette catégorie.

Pour faire face, les syndicats européens appellent les pays de l’UE à des réductions d’impôts sur les bas revenus, ciblant en particulier les retraités, et veulent des efforts de relance supplémentaires, représentant 2% du PIB.

La CES préconise surtout “un plan à court terme” contre les licenciements. “Nous voulons un plan extraordinaire de réduction du temps de travail dans tous les pays européens”, a stipulé Walter Cerfeda.

Certains pays comme l’Allemagne ou l’Autriche compensent presque à 100% le le manque à gagner qui en découle pour les salariés, d’autres appliquent une compensation forfaitaire minime comme la Slovénie ou la Roumanie, tandis que le Royaume-Uni est par exemple contre cette approche.

Pour financer les travailleurs appelés à travailler moins, la CES veut aussi que les pays de l’UE puissent piocher dans le “Fonds social européen”.

Cette enveloppe du budget de l’UE consacrée à des programmes ciblés pour le marché de l’emploi est dotée d’environ 75 milliards d’euros pour la période 2007-2013.

L’organisation syndicale suggère que l’argent prévu dans le cadre de ce fonds pour 2010 puisse être utilisé dès 2009.

La Commission européenne n’a pas encore répondu à cette suggestion, mais a déjà annoncé fin 2008 vouloir débloquer des “paiements avancés” de ce fonds.

Parallèlement, les pays de l’UE et le Parlement, examinent l’élargissement des règles d’attribution de la seule autre enveloppe sociale européenne, le “Fonds d’ajustement à la mondialisation”.

Si les syndicats jugent positivement cette initiative, ils veulent aller plus loin afin que les petites et moyennes entreprises puissent également y avoir droit, par exemple en tant qu’entreprises sous-traitantes.

Actuellement, ce Fonds permet d’accorder une aide lorsque plus de 1.000 travailleurs d’une entreprise ou d’un secteur régional sont licenciés “résultant des transformations profondes dans les échanges commerciaux internationaux”. Parmi les modifications à l’étude, le seuil serait abaissé à 500 salariés.