érôme Kerviel, le 23 juillet 2008 à Paris (Photo : Thomas Coex) |
[27/03/2009 16:19:48] PARIS (AFP) Le trader Jérôme Kerviel, accusé de falsifications qui auraient coûté 4,9 milliards d’euros à la Société Générale, a changé pour la deuxième fois d’avocats, misant sur une star du droit pénal financier, Me Olivier Metzner, pour faire valoir sa vérité.
“Jérôme Kerviel m’a contacté, nous nous sommes vus, j’ai réfléchi et décidé d’accepter la direction de sa défense”, a indiqué Me Metzner, qui a assisté de nombreux patrons (Le Floch-Prigent ou Jean-Marie Messier) mais aussi le chanteur Bertrand Cantat.
Conseillé au début de l’affaire par Mes Elisabeth Meyer et Guillaume Selnet, Jérôme Kerviel reconnait alors sa part de responsabilité mais dit ne pas vouloir “être le bouc émissaire de la Société Générale”.
Mais à mi-parcours, il adopte une stratégie plus offensive suggérant une implication pénale d’autres salariés de la banque. Cette thèse, portée par une nouvelle équipe de quatre avocats dont le ténor du barreau, Eric Dupont-Moretti, n’est pas suivie par les juges pour qui le trader a fait preuve “d’ingéniosité” pour profiter des défauts de contrôle de la banque.
Le 22 janvier, après la parution dans le Parisien d’extraits d’entretiens entre un journaliste et le trader, le torchon brûle entre Kerviel et Me Dupont-Moretti.
Le trader dément les propos rapportés par le quotidien mais il est contredit le jour même par son avocat qui confirme leur véracité. Un échange de mail entérinera la rupture, selon un proche de Kerviel.
“Je suis sorti du dossier depuis plusieurs semaines. Cela s’est fait d’un commun accord. Une défense, c’est une union, une relation de confiance”, explique à l’AFP Me Dupond Moretti.
A la Société générale, on ironise sur cette valse d’avocats.
“Un fois de plus Kerviel rejette la responsabilité qui pèse sur lui sur les autres. Elle a d’abord été celle de sa hiérarchie, puis celle des juges. Elle est aujourd’hui le fait de ses avocats. Ce n’est pas la manifestation évidente d’une juste confiance dans sa propre thèse”, juge Jean Veil, avocat de la banque.
“C’est un dossier dans lequel je pense que tout n’a pas été dit pour la défense de Jérôme Kerviel”, estime aujourd’hui Me Metzner.
Interrogé sur le revirement stratégique de son client, il estime qu’il a “peut-être eu le sentiment de ne pas être suffisamment défendu”. “Il y a eu beaucoup de paroles et peu de gestes”, dit-il. L’avocat, qui a pris connaissance du dossier, l’a qualifié de “passionnant” mais a jugé qu’il était “un peu tôt” pour évoquer sa ligne de défense.
Ce changement d’équipe intervient après la clôture en janvier de l’instruction conduite pendant un peu moins d’une année par les juges financiers Renaud van Ruymbeke et Françoise Desset.
La défense du trader et la banque, partie civile dans le dossier, ont jusqu’au 26 avril pour réclamer éventuellement des actes d’enquête complémentaires.