Natixis a versé 70 millions d’euros de bonus à 3.000 salariés

[27/03/2009 15:52:32] PARIS (AFP)

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ée du siège de Natixis Asset Management, le 13 octobre 2008 à Paris (Photo : Eric Piermont)

Natixis, au coeur d’une nouvelle polémique sur les rémunérations, a versé 70 millions d’euros de bonus à 3.000 salariés au titre de l’exercice 2008, a indiqué une porte-parole de la banque française à l’AFP, faisant valoir que ce montant était en recul de 73% par rapport à 2007.

Cette enveloppe, qui atteint 90 millions avec les charges patronales, “concerne 3.000 collaborateurs” dans le monde travaillant dans la division de banque de financement et d’investissement et “ne récompense que les performances positives”, a assuré la porte-parole.

Reprenant une information parue dans le quotidien financier en ligne Agefi, Les Echos ont annoncé vendredi que Natixis avait versé 90 millions d’euros à ses traders, une profession dont la rémunération comporte traditionnellement une part variable plus importante que le salaire fixe.

Parmi les 1.000 traders travaillant pour Natixis, “un tiers” d’entre eux ont touché un bonus, sous réserve qu’ils aient dégagé un résultat positif, a précisé la porte-parole.

“Les dirigeants de Natixis ont renoncé en décembre à toute rémunération variable et aucune stock-option ne leur a été attribuée”, a-t-elle souligné.

Les banques françaises opérant sur les marchés ont considérablement réduit cette année l’enveloppe des bonus alloués à leurs salariés, à l’instar de Natixis. Mais elles mettent en avant, pour justifier le maintien de ces bonus, la nécessité de retenir leurs meilleurs éléments.

Interrogé au sujet de Natixis jeudi soir, le ministre du Budget Eric Woerth a déclaré qu’il fallait “remettre de l’ordre là-dedans (et) considérer que les entreprises aidées par les pouvoirs publics ne puissent pas distribuer indûment” de bonus.

La banque, qui a accusé une perte de 2,8 milliards d’euros en 2008 et annoncé un plan social touchant au minimum 1.250 personnes, a bénéficié d’un prêt de l’Etat de 2 milliards d’euros.

Cette filiale des Caisse d’Epargne et Banque Populaire, qui vont fusionner d’ici l’été, fait l’objet d’au moins deux plaintes d’actionnaires qui lui reprochent sa communication financière, sur fond de débâcle boursière du titre qui évoluait vendredi autour de 1,40 euro.

“Quand les actionnaires de Natixis vont apprendre que non seulement ils ont tout perdu mais qu’une partie de leur argent a servi à payer des bonus aux traders, je crois qu’ils auront de quoi être non seulement très en colère, mais je dirais complètement scandalisés”, a réagi vendredi Colette Neuville, présidente de l’association des actionnaires minoritaires (Adam).

L’annonce des bonus de Natixis intervient en plein débat en France sur les rémunérations des cadres dirigeants, notamment pour les entreprises qui licencient ou bénéficient d’aides publiques.

Les dernières affaires de ce type — stock-options à la Société générale, “parachute doré” chez Valéo, bonus pour Cheuvreux (Crédit agricole) — ont déclenché un tollé.

La polémique a rapidement dépassé le cadre des entreprises bénéficiant d’aides publiques: jeudi, les dirigeants de GDF-Suez Gérard Mestrallet et Jean-François Cirelli ont dû renoncer à leurs stock-options, bien qu’à la tête d’une société bénéficiaire et créant de l’emploi.

Dans la foulée, l’Elysée a annoncé jeudi qu’il allait prendre la semaine prochaine un décret interdisant les bonus et stock options pour les dirigeants d’entreprises recevant des aides publiques, sans attendre les propositions du patronat sur ce sujet.