Réforme portuaire : les sept grands ports dans une phase délicate

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évistes dans le port de Nantes le 17 juin 2008 (Photo : Frank Perry)

[28/03/2009 13:53:34] PARIS (AFP) Cinq mois après la signature d’un accord-cadre sur le détachement vers le privé des personnels de la manutention portuaire, la délicate déclinaison locale de la réforme, censée relancer sept grands ports français, avance de manière inégale.

La réforme, encadrée par la loi de juillet 2008, prévoit le transfert de la totalité des activités de manutention portuaire –personnels et outils– vers des opérateurs privés, comme cela avait déjà le cas pour les dockers en 1992.

La mise en oeuvre de ce transfert, qui a fait l’objet d’un accord-cadre fin octobre signé par la puissante fédération CGT des ports et docks malgré ses critiques, fait l’objet de discussions port par port (Dunkerque, Rouen, Le Havre, Marseille, Nantes/Saint-Nazaire, Bordeaux et La Rochelle).

D’ici quelques semaines, chaque port doit avoir présenté un “projet stratégique de développement” à cinq ans. Il comprend le détail des transferts de quelque 2.000 grutiers et portiqueurs, une étape sensible qui donne lieu localement à des bras de fer avec la CGT.

A Nantes, le dossier semblait en bonne voie après un accord signé le 18 mars, à l’issue tout de même de deux semaines de grève. Mais quelques jours plus tard, le secrétariat d’Etat aux Transports déjugeait la direction de Nantes et estimait que le texte “contredisait la loi et n’était pas dans l’esprit de la réforme”.

Du coup, le directeur a démissionné et la signature du projet stratégique prévue le 23 mars a été repoussée à avril. Mais la CGT a déjà prévenu que si l’accord était remis en cause par le nouveau directeur, Yves Gauthier, elle se remettrait en grève.

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ésentants locaux du patronat sont rassemblés sur le vieux port de Marseille, le 16 juin 2008 (Photo : Michel Gangne)

A Marseille, le projet stratégique doit être présenté le 3 avril, malgré un climat tendu, illustré notamment par des grèves perlées depuis début février.

La situation est comparable à Rouen avec une présentation prévue le 10 avril.

En revanche, à Dunkerque, le processus “se passe pour le moment sans anicroche”, assure Pierre Joly, le directeur stratégie.

Pour le patronat, les difficultés rencontrées ne sont pas une surprise. “On savait dès le lancement de la réforme que la phase la plus délicate se situerait dans la mise en oeuvre sur le terrain”, a déclaré à l’AFP Bruno Vergobbi, délégué général de l’Union des ports de France.

Un durcissement de la CGT n’est pas à exclure, la fédération ayant déclaré il y a une semaine que “les personnels utiliseraient tous les moyens légaux” pour empêcher une application ne donnant pas assez de garanties aux salariés.

“En phase de ralentissement économique, les salariés peuvent avoir plus d’appréhension pour quitter le secteur public et passer au secteur privé”, malgré les garanties prévues par l’accord-cadre, estime M. Vergobbi.

Pour le responsable patronal, “le facteur qui n’était pas connu était qu’on se retrouverait en phase de récession, ce qui n’est pas un élément facilitateur pour une réforme de ce genre”.

Au Havre, par exemple, la CGT locale a demandé “la suspension” de l’application de la réforme durant le temps de la crise en mettant en avant que les entreprises qui doivent reprendre les personnels de manutention viennent de demander des mesures de chômage partiel pour certains salariés.

Le précédent de Nantes provoque aussi des interrogations. Selon un dirigeant CGT du Havre, “cela ne sert à rien de discuter avec le directeur si de toutes façons, c’est (Dominique) Bussereau qui doit décider”.