Logo de l’euro (Photo : Boris Roessler) |
[29/03/2009 11:51:46] FRANCFORT, Allemagne (AFP) Au-delà de la baisse probable du principal taux directeur à un nouveau niveau historique de 1%, la Banque centrale européenne (BCE) est attendue au tournant sur des mesures plus radicales pour relancer une économie chancelante en zone euro.
Comme les chefs d’Etat du G20, les banquiers centraux se réunissent jeudi. Pendant que les premiers tenteront à Londres d’accorder leur vue sur une réforme de la finance mondiale, les seconds vont selon toutes les attentes réduire d’un demi-point de pourcentage à 1% le principal taux directeur.
La dernière baisse remonte à un mois seulement. Il s’agirait de la sixième depuis octobre, quand le taux était encore à 4,25%.
Mais aussi drastiques soient-elles, les réductions du taux ont échoué jusqu’à présent à raviver le crédit.
Et la BCE a beau abreuver les banques en liquidités sur le marché monétaire à des conditions très avantageuses, ces dernières –confrontées à cause de la crise financière à des dépréciations géantes de leurs actifs– préfèrent mettre l’argent de côté plutôt que de prêter aux entreprises, qui peinent à leur tour à se refinancer.
L’institution est sous pression d’aller plus loin, d’autant plus que ses homologues américaine et britannique ont lancé d’audacieuses mesures pour stimuler leur économie.
Elles ont créé de ;a monnaie avec laquelle elles ont acheté en masse des obligations, avec l’objectif de faire baisser les taux à long terme et par conséquent le coût des emprunts obligataires, une manière d’apporter une bouffée d’oxygène aux entreprises.
La BCE est confrontée à la difficulté de mener une politique monétaire commune dans une zone composée de seize Etats souverains. A l’achat d’obligations d’Etat, juridiquement et politiquement délicat, elle pourrait préférer l’achat de titres obligataires du secteur privé.
Cela pourrait être “justifié”, a récemment souligné le vice-président de la BCE, le Grec Lucas Papademos, ajoutant qu’aucune décision n’avait été prise par le conseil des gouverneurs, qui reste divisé sur la question.
“La BCE va sans doute laisser la porte ouverte à l’achat de titres de créances (…) mais rien ne sera rendu officiel”, estime Jörg Krämer de la Commerzbank.
Ces mesures dites d’assouplissement quantitatif “seraient relativement inefficaces et nous ne pensons pas que la BCE va pour le moment y recourir”, estime pour sa part Michael Leister, économiste de la WestLB.
A trop tergiverser, la BCE fait courir des risques à l’économie, jugent en revanche certains. “Plus elle tarde à présenter un plan, plus le risque est grand d’avoir en zone euro une récession plus longue qu’ailleurs”, juge Jennifer Mc Keown de Capital Economics.
Pour rassurer les banques sur leur refinancement, la BCE pourrait annoncer un prolongement de la maturité de ses prêts sur le marché monétaire, jusqu’à 12 mois, selon les économistes. Les opérations les plus longues courrent actuellement sur six mois.
Les dernières statistiques en zone euro ont révélé l’extrème faiblesse de la conjonture, principalement de l’industrie, accablée par l’effondrement des exportations. La montée du chômage rend tout regain sérieux de la consommation improbable, malgré les coups de pouce –allègements fiscaux ou autre prime à la casse– contenus dans les plans gouvernementaux.
Quant à l’inflation, elle est appelée à ralentir encore. En Allemagne, première économie européenne, elle est tombée à 0,5% en mars, du jamais vu depuis près de 10 ans.
“Il paraît de plus en plus probable que le Produit intérieur brut va se contracter de 4% environ en 2009”, estime Howard Archer de Global Insight. Et “il y a aussi un risque réel de voir la récession se prolonger largement jusqu’au cours de l’année 2010”.